La crise du crédit immobilier à risque aux Etats-Unis ne présente pas “pour l’instant” de “risque notable d’impact” sur Ia croissance de l’économie de la zone euro, a déclaré mercredi 22 août le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker, dans un entretien à I’AFP.
BRUXELLES, 22 août 2007 (AFP) – Le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker estime “pour l’instant” que la crise financière ne devrait pas avoir d’impact “notable” sur la croissance de la zone euro, et appelle les ministres des Finances à respecter l’indépendance de la Banque centrale européenne (BCE). “Nous observons une situation qui est en voie de normalisation” sur les marchés, “mais il faudra bien sûr que nous restions prudents“, a estimé M. Juncker, lors d’un entretien téléphonique avec I’AFP.
Le président de l’Eurogroupe, qui réunit les ministres des Finances de la zone euro, a salué l’action de la BCE, estimant que celle-ci “a fait son travail d’une façon exemplaire, puisqu’elle a su réagir à la crise avec les instruments qui sont les siens“.
La BCE a injecté à la mi-août plus de 200 milliards d’euros dans le circuit interbancaire de la zone euro.
“Pour l’instant“, a souligné M. Juncker, “je ne vois pas de risque notable d’impact (de la crise du crédit immobilier à risque aux Etats-Unis) sur la croissance de l’économie réelle“. Le Premier ministre et ministre des Finances luxembourgeois a estimé que le système bancaire allemand était “suffisamment solide, tout comme le système bancaire de la zone euro dans son ensemble, pour résister à cette crise“.
“Je crois que ni en Allemagne, ni en France, ni ailleurs, il n’y a de risque de voir la croissance de l’économie réelle notablement affectée“, a-t-il insisté, tout en précisant qu’il était cependant “prématuré” de se prononcer “définitivement à ce sujet“. “Nous verrons dans quelques semaines ce qu’il en sera exactement”.
Malgré le ralentissement plus fort que prévu de la croissance dans la zone euro au deuxième trimestre, à 0,3%, M. Juncker a estimé que “les données fondamentales (de l’économie européenne) restent bonnes, la croissance reste robuste”.
“Toutes les indications qui nous viennent notamment d’Allemagne nous laissent penser que le troisième trimestre sera meilleur que le deuxième“, a-t-il ajouté.
Concernant l’inflation, qui a été de 1,8% en juillet, M. Juncker a considéré que la BCE, en charge de la stabilité des prix, portait “son regard plus loin pour voir comment l’inflation va pouvoir se développer” et qu’elle prendrait sa décision sur une éventuelle nouvelle hausse des taux “en toute indépendance” lors de sa réunion du 6 septembre.
La BCE a affirmé mercredi maintenir sa position en faveur d’une hausse de son principal taux directeur d’un quart de point en septembre, à 4,25%. Mais la pression monte pour qu’elle reporte sa hausse ou même qu’elle engage un cycle de baisse de taux.
La ministre de l’Economie française Christine Lagarde a plaidé mercredi pour un assouplissement des conditions du crédit, en estimant qu’une baisse des taux “aiderait les entreprises et les marchés”.
“Je crois qu’il est sage que les ministres des Finances respectent l’indépendance de la Banque centrale européenne“, a estimé M. Juncker, sans nommer Mme Lagarde. Il ne faut pas “gêner la Banque centrale pendant la période précédant sa réunion du 6 septembre” en “faisant des déclarations qui pourraient ne pas être comprises par les marchés“, a-t-il insisté.
Sur la question de la transparence des marchés, dont Nicolas Sarkozy a appelé les pays du G 7 à se saisir, M. Juncker a estimé que le président français avait “raison” en “posant le problème des hedge funds (fonds spéculatifs) et de la transparence de ceux-ci“. Cette question est également un cheval de bataille de la chancelière allemande Angela Merkel.
“Je crois qu’il serait bon que nous nous mettions d’accord pour fixer des repères sur le bon comportement des hedge funds (…) tout comme il faudra que nous nous penchions plus avant sur la question des agences de notations“, a-t-il dit.
Source: AFP du 22 août 2007, Sophie Laubie