Selon l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation 1,3 milliards de tonnes d’aliments sont gaspillées annuellement. Un tiers de la production mondiale serait ainsi perdue ou jetée. 100 millions de tonnes de denrées alimentaires sont jetées annuellement dans l’UE. En 2014 une étude du Gouvernement a quantifié le gaspillage alimentaire au Grand-Duché à 68 000 tonnes par an. Ce qui représente annuellement 124 kg par tête de déchets alimentaires évitables et inévitables par rapport à une moyenne européenne de 180 kg par personne estimée en 2010.
En avril 2016 le CSV avait demandé à la Chambre des députés d’organiser un débat d’orientation concernant le gaspillage alimentaire en argumentant “qu’une telle discussion nous permettrait de déterminer par la suite des pistes pour une politique nationale contre le gaspillage alimentaire.” En préparation de cette proposition nous avions rencontré des organisations et associations afin d’élucider si des actions législatives ciblées comme par exemple prises en France seraient nécessaires pour encourager une prise de conscience et lutter plus efficacement contre le gaspillage.
Or un débat parlementaire approfondi se heurtait longtemps aux rivalités de compétence entre les différents ressorts ministériels. Seulement en novembre 2017 fut réuni une commission jointe (environnement, agriculture et santé) en présence des trois ministres pour un premier et dernier échange. Il est vrai que depuis 2016 le Gouvernement avait multiplié les efforts pour lutter contre le gaspillage alimentaire ou plutôt pour sensibiliser les consommateurs. Des chartes ont été signées avec différents acteurs et les communes invitées à s’associer en adoptant des résolutions.
Un objectif ambitieux
Lors de cette commission jointe, les trois ministres ont considéré qu’il ne serait actuellement pas opportun d’adapter le cadre législatif pour réduire le gaspillage alimentaire. La ministre de l’environnement précisait que le nouveau plan national de la gestion des déchets serait “largement axé sur la lutte contre le gaspillage alimentaire en prévoyant des mesures concrètes, comme la réduction de 50% de la quantité de déchets alimentaires à l’horizon 2022.” Or il fallait noter qu’une telle réduction ambitieuse ne constitue pas des “mesures concrètes” mais un objectif!
Le débat d’orientation se tenait enfin en mars, toutes les forces politiques ont reconnu le défi et ont déclaré vouloir agir contre le gaspillage alimentaire. La Chambre a unanimement invité le Gouvernement à maintenir les efforts de sensibilisation et à élaborer un plan d’action coordonné pour lutter contre le gaspillage alimentaire avec tous les acteurs concernés. Les députés exigent d’être associés davantage à l’élaboration de ce plan qui devrait prévoir la promotion de produits régionaux et saisonniers dans les restaurations collectives et favoriser la collaboration de la grande distribution avec les initiatives sociales engagées dans la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Bien entendu il ne suffira pas d’agir seulement sur le plan national car il faut aussi adapter la règlementation européenne. Les collègues au Parlement européen ont pour leur part défini les champs d’action pour la Commission et le Conseil. La Chambre les a rejoint en invitant l’exécutif à analyser si la règlementation concernant l’hygiène alimentaire peut être révisée afin d’empêcher le gaspillage alimentaire.
La lutte contre le gaspillage alimentaire implique un mode de vie plus durable, une consommation et surtout une production plus respectueuses de nos ressources naturelles.
Laurent Zeimet
Député et secrétaire général du CSV
(Source: “Zu Gast”, d’Lëtzebuerger Land, 13/04/2018)