Conférence Economie circulaire « hotspot » Luxembourg du 20 au 22 juin 2017
Les débats sur l’environnement ont permis de changer beaucoup de choses au cours de dernières années. Pourtant le souci d’efficacité écologique à lui seul ne nous apportera pas de solutions aux problèmes des déchets et de la pénurie de ressources naturelles. Il nous faut réduire l’empreinte écologique sur la planète et nous pencher avec assiduité sur la protection de la biodiversité et ceci pour la survie de l’espèce humaine.
L’économie circulaire – une piste fortement appréciée du développement durable
La croissance démographique mondiale et l’augmentation du niveau de vie ont accru la consommation de ressources naturelles au-delà des réserves limitées de la Terre. Cet état de fait rend nécessaire l’abandon de notre modèle actuel de société linéaire (prendre-produire-utiliser-jeter) en faveur d’une économie plus circulaire, dans le cadre de laquelle les produits et les composants sont maintenus à leur niveau le plus élevé de valeur et d’utilité et les ressources sont utilisées de la manière la plus efficace et la plus économique qui soit, tout en réduisant le plus possible la production de déchets. La transition vers une économie plus circulaire favorise la croissance économique et la compétitivité et offre la possibilité d’un renouvellement économique et industriel, qui s’accompagne de besoins d’investissement.
La transition vers une économie circulaire, dans laquelle la valeur des produits, des matières et des ressources est maintenue dans l’économie aussi longtemps que possible et la production de déchets est réduite au minimum, constitue une contribution essentielle aux efforts consentis par l’Union européenne pour développer une économie durable, à faible intensité de carbone, efficace dans l’utilisation des ressources et compétitive. Cette transition est l’occasion de transformer l’économie dite linéaire.
L’économie circulaire stimulera la compétitivité des pays-membres en protégeant les entreprises contre la rareté des ressources et la volatilité des prix, contribuant ainsi à créer de nouveaux débouchés commerciaux et des modes de production et de consommation innovants et plus efficaces.
Elle créera des emplois locaux à tous les niveaux de qualifications et des opportunités pour l’intégration et la cohésion sociales. Dans le même temps, elle permettra d’économiser de l’énergie et contribuera à éviter les dommages irréversibles en ce qui concerne le climat et la biodiversité, ainsi que la pollution de l’air, du sol et de l’eau, causés par l’utilisation des ressources à un rythme qui dépasse la capacité de la Terre à les renouveler.
Oui, la transition vers l’économie circulaire apporte des avantages à savoir la réduction des niveaux actuels d’émissions de dioxyde de carbone et la réduction de matières premières. En aval elle supporte la création d’emplois durables et soutient la croissance es objectifs à long terme afin de réduire la mise en décharge et d’augmenter la préparation en vue du réemploi et du recyclage des flux de déchets essentiels, tels que les déchets municipaux et les déchets d’emballage.
Les objectifs devraient conduire progressivement les États membres à converger vers les niveaux de meilleures pratiques et à encourager les investissements nécessaires pour la gestion des déchets. En stimulant l’activité durable dans des secteurs clés et de nouvelles perspectives commerciales, ce plan contribuera à libérer le potentiel de croissance et d’emploi de l’économie circulaire.
Il prévoit des engagements globaux concernant l’écoconception, l’élaboration d’approches stratégiques sur les matières plastiques et les produits chimiques, une initiative essentielle visant à financer des projets innovants dans le cadre du programme européen de recherche «Horizon 2020» et des mesures ciblées dans des domaines tels que les matières plastiques, les déchets alimentaires, la construction, les matières premières critiques, les déchets industriels et miniers, la consommation et les marchés publics.
Les idées – clés de l’économie circulaire
La conception – Eco design
Grâce à une meilleure conception, les produits peuvent être plus durables ou plus faciles à réparer, à valoriser ou à refabriquer. Si les produits sont mieux conçus, les recycleurs pourront les démonter en vue de récupérer les matériaux et composants de valeur. Globalement, une meilleure conception des produits peut contribuer à économiser des ressources précieuses.
Malheureusement les signaux actuels du marché semblent insuffisants pour que cela soit possible. Il est donc essentiel de prévoir des mesures d’incitation en vue d’améliorer la conception des produits, tout en préservant le marché unique et la concurrence et en favorisant l’innovation.
Les produits électriques et électroniques sont particulièrement importants dans ce contexte. La réparabilité de ces produits peut être importante pour les consommateurs et ces produits peuvent contenir des matières de valeur qui devraient être plus faciles à recycler (par exemple, éléments des terres rares dans les appareils électroniques).
À ce jour, les exigences en matière d’écoconception sont principalement axées sur l’efficacité énergétique à l’avenir, des questions telles que la réparabilité, la durabilité, la possibilité de valorisation, la recyclabilité, ou l’identification de certains matériaux ou substances seront systématiquement examinées.
Les processus de production
Même pour les produits ou les matériaux conçus de manière intelligente, l’utilisation
inefficace des ressources dans les processus de production peut se traduire par une perte
d’opportunités commerciales et une importante production de déchets. Les matières premières primaires, y compris les matières renouvelables, continueront à jouer un rôle important dans les processus de production, même dans une économie circulaire.
Dans ce contexte, il convient d’accorder une attention particulière aux incidences environnementales et sociales de leur production dans tous les pays.
La consommation
Une fois qu’un produit a été acheté, sa durée de vie peut être étendue grâce à la réutilisation et à la réparation, ce qui permet d’éviter le gaspillage. Les secteurs de la réutilisation et de la réparation sont des secteurs à forte intensité de main-d’œuvre et contribuent donc à la création de milliers de nouveaux emplois.
Actuellement, certains produits ne peuvent pas être réparés en raison de leur conception ou parce que des pièces détachées ou des informations concernant leur réparation ne sont pas disponibles.
Les futurs travaux sur l’écoconception des produits contribueront à rendre les produits plus durables et plus faciles à réparer: en particulier, des exigences en matière de disponibilité des pièces détachées et des informations concernant les réparations seront examinées et la possibilité de mettre en place des exigences horizontales en matière de fourniture d’informations concernant les réparations sera notamment étudiée.
La gestion des déchets
La gestion des déchets joue un rôle déterminant dans l’économie circulaire. La hiérarchie des déchets établit un ordre de priorité: prévention, préparation en vue du réemploi, recyclage et valorisation énergétique et enfin élimination (mise en décharge, par exemple). Ce principe vise à encourager les solutions produisant le meilleur résultat global sur le plan de l’environnement.
La façon dont nous collectons et gérons nos déchets peut aboutir soit à des taux élevés de recyclage et à la réintroduction des matériaux de valeur dans l’économie soit à un système inefficace dans lequel la plupart des déchets recyclables finissent dans des décharges ou sont incinérés, avec des effets potentiellement dommageables pour l’environnement et d’importantes pertes économiques.
Tous les déchets devraient être pris en considération, qu’ils soient produits par les ménages, les entreprises, l’industrie et l’exploitation minière ou le secteur de la construction.
Quelques informations pour clarifier
Aujourd’hui, seulement 40 % environ des déchets produits par les ménages de l’Union européenne sont recyclés. Cette moyenne dissimule de fortes disparités entre les États membres et les régions, avec des taux allant jusqu’à 80 % dans certaines régions et inférieurs à 5 % dans d’autres. Par l’augmentation du recyclage et de la réduction de la mise en décharge des déchets municipaux, tout en tenant compte des différences entre États membres.
Un volume plus important de déchets d’emballages (provenant des ménages et de sources industrielles/commerciales) a été recyclé dans l’Union depuis l’introduction d’objectifs à l’échelle de l’Union pour les emballages en papier, en verre, en plastique, en métal et en bois, et il est possible de recycler encore davantage, avec les avantages aussi bien économiques qu’environnementaux que cela comporte.
Pour accroître les niveaux de recyclage de qualité, il est nécessaire d’améliorer la collecte et le tri des déchets. Les systèmes de collecte et de tri sont souvent financés en partie par les régimes de responsabilité élargie des producteurs dans lesquels les fabricants contribuent aux coûts de collecte et de traitement des produits.
Transformer les déchets en ressources – un gain pour la planète
Dans une économie circulaire, les matières pouvant être recyclées sont réinjectées dans l’économie en tant que nouvelles matières premières, ce qui permet d’augmenter la sécurité de l’approvisionnement. Ces «matières premières secondaires» peuvent être échangées et transportées comme des matières premières primaires provenant de ressources extractives traditionnelles.
La promotion de cycles de matériaux non toxiques et une meilleure traçabilité des substances chimiques préoccupantes dans les produits faciliteront le recyclage et amélioreront l’utilisation de matières premières secondaires.
Pour créer un marché dynamique des matières premières secondaires, l’élément clé est une demande suffisante, motivée par l’utilisation de matières recyclées dans les produits et les infrastructures. Pour certaines matières premières (le papier ou le métal, par exemple), la demande est déjà élevée; pour d’autres, elle est encore en cours de développement.
Le secteur privé jouera un rôle essentiel en créant une demande et en contribuant à former des chaînes d’approvisionnement; un certain nombre d’acteurs industriels et économiques ont déjà fait part de leur engagement de garantir une certaine teneur en matières recyclées dans les produits qu’ils mettent sur le marché pour des raisons de durabilité et pour des raisons économiques.
Les matières plastiques
Il est essentiel d’accroître le recyclage des matières plastiques pour assurer la transition vers une économie circulaire. L’utilisation de matières plastiques dans l’UE n’a cessé de croître, mais moins de 25 % des déchets plastiques collectés sont recyclés et environ 50 % sont mis en décharge.
De grandes quantités de matières plastiques finissent également dans les océans, et parmi les objectifs de développement durable à l’horizon 2030 figurent notamment celui de prévenir et de réduire de manière significative les pollutions marines de tous types, notamment les déchets marins.
L’établissement de systèmes séparés de collecte et de certification plus intelligents est indispensable pour les entreprises de collecte et de tri afin d’éviter la mise en décharge des matières plastiques recyclables et de faire en sorte que les matières jusqu’ici incinérées soient recyclées.
La présence d’additifs chimiques dangereux peut présenter des difficultés techniques et l’émergence de nouveaux types de matières plastiques soulève de nouvelles questions, par exemple en ce qui concerne la biodégradabilité.
Le gaspillage alimentaire
Le gaspillage alimentaire est une préoccupation grandissante en Europe. La production, la distribution et le stockage de produits alimentaires utilisent des ressources naturelles et ont des incidences sur l’environnement. Le fait de jeter des aliments qui sont encore consommables augmente ces incidences et entraîne des pertes financières pour les consommateurs et l’économie.
Le gaspillage alimentaire a également d’importantes incidences sociales: il faudrait faciliter les dons de denrées alimentaires qui sont encore consommables mais qui, pour des raisons logistiques ou commerciales, ne peuvent pas être commercialisées.
En septembre 2015, dans le cadre des objectifs de développement durable à l’horizon 2030, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté l’objectif consistant à réduire de moitié le gaspillage alimentaire par habitant au niveau du commerce de détail ou du consommateur et à réduire les pertes alimentaires tout au long des chaînes de production et d’approvisionnement.
Les déchets électroniques
L’un des enjeux du management des déchets est la collecte, le démontage et le recyclage des produits qui contiennent ces matières. Il sera essentiel d’améliorer la recyclabilité des dispositifs électroniques grâce à la conception des produits ce qui aura pour effet d’améliorer la viabilité économique du processus de recyclage.
On estime par exemple que si 95 % des téléphones portables étaient collectés, un milliard d’euros pourrait être économisé chaque année.
Les buts ambitieux
La transition vers une économie circulaire constitue un changement systémique. Outre les mesures ciblées ayant une incidence sur chaque phase de la chaîne de valeur et les secteurs clés, il est nécessaire de créer les conditions dans lesquelles une économie circulaire peut prospérer et des ressources peuvent être mobilisées.
Afin de repenser nos modes de production et de consommation et de transformer les déchets en produits à haute valeur ajoutée, nous aurons besoin de nouvelles technologies et de nouveaux procédés, services et modèles économiques qui façonneront l’avenir de notre économie et de notre société.
La transition vers une économie circulaire nécessitera aussi une main-d’œuvre qualifiée disposant de compétences spécifiques et parfois nouvelles ainsi que de conditions favorables en matière d’emploi et de dialogue social.
Si l’on veut mettre en place les compétences adéquates à tous les niveaux, il faudra qu’elles soient dispensées par les systèmes d’éducation et de formation.
Il faut s’attacher au fait que la Commission européenne a défini un objectif commun à recycler 65 % des déchets municipaux d’ici à 2030; un objectif commun au niveau de l’UE consistant à recycler 75 % des déchets d’emballages d’ici à 2030; un objectif contraignant visant à ramener la mise en décharge à 10 % maximum des déchets municipaux d’ici à 2030. Lors de la conférence on a avancé que l’Union européenne puisse épargner 600 milliards Euro par an en s’attaquant au management intelligent des déchets.
La valorisation énergétique des déchets recouvre différents procédés de traitement des déchets générant de l’énergie (électricité, chaleur ou production de combustibles dérivés de déchets, par exemple), chacun d’entre eux ayant son propre impact environnemental et son propre potentiel en matière d’économie circulaire. Les procédés de valorisation énergétique des déchets peuvent jouer un rôle dans la transition vers une économie circulaire, pour autant que la hiérarchie des déchets établie par l’UE soit utilisée comme principe directeur.
Lorsqu’il n’est pas possible d’éviter la production de déchets, de préparer ces derniers en vue d’un réemploi ou de les recycler, la récupération de l’énergie qu’ils contiennent et la réinjection de cette énergie dans l’économie sont la deuxième meilleure option du point de vue environnemental et économique.
D’ici à 2030, au moins 70 % (en poids) des déchets dits municipaux (à savoir en provenance des ménages et des entreprises) devraient être recyclés ou préparés en vue du réemploi (soit contrôlés, nettoyés ou réparés), affirment les députés, alors que la Commission européenne avait proposé un objectif de 65 %.
Pour les matériaux d’emballage, comme le papier et le carton, le plastique, le verre, le métal et le bois, les députés proposent un objectif de 80 % d’ici à 2030, avec des objectifs intermédiaires en 2025 pour chaque matériau. La proposition législative limite la proportion de déchets municipaux mis en décharge à 10 % d’ici à 2030.
Le gaspillage alimentaire est estimé à quelque 89 millions de tonnes dans l’UE, soit 180kg par habitant et par an. Les députés demandent un objectif de réduction du gaspillage alimentaire dans l’UE de 30 % d’ici à 2025 et de 50 % d’ici à 2030, en comparaison avec 2014. Ils proposent également un objectif similaire pour les déchets marins.
Premières conclusions
Une meilleure gestion des déchets serait bénéfique pour l’environnement mais aurait également des conséquences positives en matière de santé publique et d’économie.
La transition vers une économie plus circulaire offre de grandes possibilités à l’Europe et à ses citoyens. Elle représente une partie importante des efforts que nous accomplissons pour moderniser et transformer l’économie européenne en l’orientant dans une direction plus durable.
Sources consultées:
Le rapport rédigé par Marcel Oberweis (participant à la conférence) a été rédigé sur base des documents de la Commission européenne et des documents remis aux participants.