Le continent européen a un modèle social unique offrant des standards sociaux parmi les plus élevés du monde. Nulle part ailleurs dans le monde peut-on bénéficier d’un tel niveau social si élevé de vie et de protection. Bien que le nombre de chômeurs ait constamment baissé dans l’Union européenne (UE) ces dernières années, plus de 20 millions personnes sont sans emploi en Europe. Nous sommes parvenus à stabiliser le niveau de pauvreté dans l’UE, qui a augmenté avec la crise financière en 2008. Mais plus de 120 millions d’Européens ont encore des difficultés à joindre les deux bouts.
Même si nos systèmes sociaux nous ont bien servi par le passé, la crise économique et financière a démontré que nous devons adapter notre modèle social aux nouvelles réalités. Nous devons construire un solide Pilier de droits sociaux de l’UE qui permettra de garantir la sécurité et des opportunités à nos concitoyens.
Nous avons besoin d’une économie sociale de marché pour chaque citoyen de l’UE, une économie dans laquelle personne n’est laissé pour compte. La société est forte lorsque tous les citoyens ont la possibilité de devenir la meilleure version d’eux-même, et une politique sociale forte joue un rôle important en ce sens. Afin d’offrir une meilleure Europe sociale à nos citoyens, nous devons continuer à réformer les systèmes existants et à combler aux lacunes actuelles.
Cela signifie d’investir dans les compétences des citoyens, de garantir un équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée ainsi que l’égalité homme-femme dans toute l’Europe et de mettre en place des systèmes durables de protection sociale.
Tout d’abord, la vitesse des avancées technologiques a transformé rapidement nos économies. Cela a également un profond impact sur le marché du travail. Il est demandé aux citoyens de s’adapter à ces changements et d’acquérir de nouvelles compétences pour des succès futurs. Mais de nombreux Européens ont un sentiment d’incertitude quant à leurs perspectives futures et ne sont pas sûrs que leurs compétences actuelles seront requises à l’avenir.
Investir plus dans les compétences et faire de la formation continue une réalité, plutôt qu’un mantra, doit être une priorité absolue pour les pays de l’UE. Les gens doivent pouvoir avoir accès à une formation et une éducation de qualité afin d’apprendre de nouvelles compétences pour rester pertinents dans un marché du travail en perpétuel changement. Equiper les Européens avec plus et de meilleures compétences, en reliant mieux le monde des affaires et de l’éducation, est un investissement dans notre avenir. Quand les gens ont des compétences plus élevées, leurs perspectives d’emploi s’améliorent. C’est un investissant en les hommes que la compétitivité de l’Europe augmente.
Tout le monde n’a peut-être pas le même point de départ mais nous pouvons œuvrer ensemble pour que chacun puisse avoir accès et atteigne le même niveau de succès et de bien-être. La politique sociale doit être vue comme un investissement dans nos citoyens, les aidant à avancer dans des moments difficiles.
Les citoyens européens doivent pouvoir avoir l’assurance que l’Europe les aidera à les guider vers de meilleures opportunités en cas de perte d’emploi.
Deuxièmement, nous devons garantir un équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée ainsi que l’égalité homme-femme dans toute l’Europe. Comme les changements démographiques aggravent considérablement notre ratio de dépendance de quatre à deux personnes en âge de travailler par retraité d’ici 2060, l’UE doit tenter d’atténuer ces effets en veillant à ce que toute personne en âge de travailler participe marché du travail à l’avenir.
Bien que la participation des femmes dans le marché du travail soit historiquement à son acmé, elle reste inférieure de plus de 10% par rapport à celles des hommes. Une répartition inégale des coûts liés à la parentalité, en demeure l’une des principales causes. Il est temps que l’Europe s’adapte aux nouvelles réalités du travail et veille à ce que les systèmes de congé parental traitent les deux parents de manière égale, sans discrimination contre les femmes.
Les coûts liés à la parentalité devraient être répartis de manière égale et la garantie de systèmes de gardes d’enfants de qualité et abordables permettraient aux jeunes parents de combiner carrière et vie de famille.
Troisièmement, nous devons mettre en place des systèmes de protection sociale durable pour garantir une solide protection des travailleurs et de leurs droits. De plus, nos systèmes de retraites doivent être fondés sur une base fiscale saine afin que les gens qui ont travaillé toute leur vie puissent recevoir une pension adéquate leur permettant de subvenir à leurs besoins une fois à la retraite. Nous devons aussi mettre en place les bonnes politiques sociales et conditions permettant à toute personne en âge de travailler de pouvoir contribuer aux systèmes de retraite, d’atténuer l’impact du changement démographique et d’améliorer in fine notre qualité de vie.
Enfin, la mobilité des travailleurs reste trop limitée dans l’UE. Plus d’efforts doivent être faits pour la rendre plus attractive. L’emploi mobile doit jouir des mêmes droits, rémunérations et obligations que ceux des autres travailleurs.
Nous croyons que la croissance économique et le progrès social vont de pair avec une société inclusive pour tous. Nos efforts doivent être dirigés vers une reprise riche en emplois au bénéfice de tous les citoyens pour qu’ils aient à nouveau foi dans une Europe qui donne des résultats.
Marianne Thyssen, Commissaire européen et Vice- Président du Parti populaire européen
Marc Spautz, Président du CSV
Joseph Daul, Président du Parti populaire européen