Source : Le Quotidien (27/05/2016)
2018 se rapproche et la course à l’investiture en tant que tête de liste du CSV devrait être le feuilleton de l’année. Car l’heureux vainqueur aura de fortes chances de devenir Premier ministre.
Quatre noms de potentielles têtes de liste en vue des élections nationales législatives de 2018 ont été dévoilés. Il s’agit de Claude Wiseler, Luc Frieden, Viviane Reding et Martine Hansen. Cette liste est-elle désormais officielle?
Marc Spautz : Ces quatre noms ont été proposés et retenus par le comité. Je vais rencontrer individuellement les quatre concernés dès la semaine prochaine et ce sera à eux de me dire s’ils sont intéressés. Jusqu’à présent, le seul qui a dit clairement qu’il était candidat pour devenir tête de liste, c’est Claude Wiseler (NDLR : sur RTL). Luc Frieden a, pour sa part, fait savoir, mercredi, qu’il était disposé à être candidat, mais qu’il souhaitait d’abord discuter avec moi. De même pour Martine Hansen.
Et puis, quelle sera la suite des événements?
Je vais m’entretenir au niveau de toutes les structures du parti pour voir comment eux voient la chose. Mais avant d’entamer cette procédure, je dois savoir des quatre personnes proposées si elles sont prêtes à aller jusqu’au bout, ou non.
C’est donc le comité du CSV qui a proposé ces noms?
C’est le comité élargi qui s’est prononcé, c’est-à-dire tous les membres du comité national, tous les membres du groupe parlementaire national, tous les députés européens du CSV (Viviane Reding, Frank Engel et Georges Bach). Une réunion s’est tenue mardi à cet effet et les quatre noms ont été proposés pour lancer la procédure’.
Comment cela s’est-il concrètement passé? Y a-t-il eu un vote?
Non. Dans ce comité élargi, tout le monde a la possibilité de proposer telle ou telle personne. Je vous confie même qu’un membre m’a proposé, moi, mais j’ai rappelé que je n’étais pas prêt à être candidat pour être tête de liste.
Le timing ne semble pas anodin…
En effet, à cause des communales en 2017, on ne veut pas avoir une tête de liste nationale qui se présente aux communales. On veut éviter la “situation Bettel de 2011 et 2013”, lorsque monsieur Bettel avait dit : “je veux rester bourgmestre de la ville de Luxembourg”, alors qu’en 2013 il est entré au gouvernement. Notre point de vue est clair : notre candidat, qui visera le poste de Premier ministre, doit jouer cartes sur table et ne pas se présenter aux communales si ensuite il ne respecte pas son mandat de bourgmestre durant les six ans prévus.
Qu’en est-il des listes CSV dans les communes? Sont-elles déjà élaborées?
Justement non. Nous aspirons à désigner en priorité un candidat national pour les législatives de 2018 et puis, seulement, nous établirons nos listes dans les différentes communes. Après m’être entretenu avec les quatre potentiels candidats et au niveau de nos différentes structures, le conseil national s’attachera à retenir un seul candidat, avant les congés estivaux, puis le samedi 8 octobre, toute la base du parti sera réunie, à savoir plus de mille membres, qui vont désigner officiellement le candidat avec lequel le CSV mènera sa campagne électorale pour 2018. Nous tiendrons, à cette occasion, notre congrès national qui regroupe les sections CSV des quatre circonscriptions électorales et un vote secret devra permettre à la base du parti de confirmer le nom de la tête de liste, en votant pour ou contre la proposition faite par le conseil national.
En votre qualité de président du CSV, quel regard portez-vous sur ces quatre potentiels candidats nationaux? Certaines voix estiment par exemple que Martine Hansen n’est pas compétente pour le poste de Premier ministre…
Tous les quatre disposent de leurs propres points forts et sont capables pour le poste de Premier ministre!
D’autres voix sont, elles, d’avis, que Martine Hansen a été proposée pour obtenir un équilibre au niveau des sexes, en ayant deux hommes et deux femmes. Est-ce délibéré de la part du CSV?
Non, cela n’a rien à voir avec de quelconques quotas. Ils ont été proposés séparément. Au-delà de cette question, cela montre clairement que le CSV dispose dans ses rangs d’hommes mais aussi de femmes capables pour le poste visé.
Une femme Premier ministre du Grand-Duché en 2018, que cela vous inspire-t-il?
Nous avons des femmes compétentes, à l’instar de Viviane Reding qui a montré, en quinze ans, en tant que commissaire européenne et vice-présidente de la Commission européenne, toutes ses compétences. Martine Hansen a également montré toutes ses capacités alors qu’elle était au gouvernement (en tant que ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche) et en tant que directrice d’une grande école au Luxembourg (NDLR : le lycée technique agricole d’Ettelbruck).
Donc, tout est possible, car l’égalité des chances est une réalité au CSV. Qu’en est-il d’un Serge Wilmes, député jeune et dynamique? N’avait-il pas sa place dans cette liste?
Nous avons beaucoup de députés de qualité pour devenir tête de liste, mais la procédure que nous avons arrêtée au mois de décembre dernier prévoit d’abord que le comité national et le groupe parlementaire sont sondés et seuls ces quatre noms ont été retenus.
Certaines rumeurs font état d’une rivalité entre Claude Wiseler et Luc Frieden. Qu’en dites-vous?
J’ai constaté, durant toutes les années au cours desquelles j’ai travaillé avec eux, qu’une grande amitié les liait. Et je ne crois pas à cette histoire de “grande rivalité”. Nous serons d’ailleurs unis durant la campagne électorale et notamment les quatre candidats potentiels qui seront dans le même bateau durant la campagne. En interne, la campagne sera fair-play à 100 %!
Parmi les quatre candidats à la tête de liste, quel est votre favori d’un point de vue personnel? Claude Wiseler, votre bras droit au Parlement?
Je me dois de rester neutre en tant que président national du CSV! Dans ce sens, je proposerai au comité national, en toute objectivité, le candidat que les membres du CSV préfèrent.
Si votre parti est amené à remporter les élections de 2018, quel type de coalition privilégieriez-vous? Une alliance avec les verts serait-elle crédible?
Ce sera d’abord aux électeurs de se prononcer. Il n’y a pas de conditions à fixer au préalable. Nous aurons la possibilité de discuter avec tous les partis qui participent aux élections et qui sont démocratiques. Mais il faut d’abord les gagner, ces élections, avant de s’imaginer telle ou telle coalition.
Mais vous vous verriez le mieux aveu quel parti? L’ADR ou déi gréng?
Il y a aussi les socialistes et les libéraux… En 1974, il y a eu un gouvernement DP-LSAP (NDLR : sous feu Gaston Thorn) et après les libéraux sont entrés avec nous au gouvernement. Je le répète, c’est à l’électeur de faire son choix et ensuite, seulement, il s’agira de réfléchir aux coalitions.
Un petit mot amical sur le gouvernement actuel peut-être pour conclure?
À propos de toutes les choses qui ont été annoncées au lendemain des élections de 2013, à savoir, vouloir tout changer, “ouvrir les fenêtres”, etc., je constate au contraire qu’il n’y a rien qui a bougé. Depuis l’échec du référendum du 7 juin 2015, le gouvernement essaye de tout faire pour rester au pouvoir : il ne travaille plus dans l’intérêt du pays, mais dans son propre intérêt, afin de rester au pouvoir en 2018!
Dans ce sens, ressentez-vous de la peur au sein du gouvernement?
Je dirais plutôt que le gouvernement est un peu nerveux, notamment en voyant les sondages. Mais ce n’est pas à moi de commenter l’ambiance qui règne entre les trois partis au pouvoir. Je me focalise plutôt sur le CSV qui va tout faire pour revenir au pouvoir. Et je suis très optimiste pour cela!
Entretien avec Claude Damiani