2ème Séance plénière de l’Assemblée Interparlementaire Benelux
Luxembourg le 14 juin 2013
L’ordre du jour a prévu e.a. un sujet de haute importance à savoir « L’immigration vers la forteresse européenne ». M. le Ministre Nicolas Schmit a expliqué les grandes lignes de la politique luxembourgeoise, suivi par les discours de nombreux orateurs et experts venus de l’Assemblée Balte, du Conseil Nordique et des Etats du Visegrad.
En mars 2013, il fut signalé que les flux migratoires se sont de nouveau orientés vers l’Union européenne et ceci après trois années d’une accalmie relative. Soulignons que selon l’OCDE, notre pays a connu un afflux de 20.300 immigrés en 2011. Mais les perspectives d’emploi se sont assombries pour les immigrés suite à la crise économique dans maints pays du sud de l’Union et vu le chômage exceptionnel des jeunes. Néanmoins, les pouvoirs publics doivent déployer tous leurs efforts possibles pour améliorer les perspectives d’emplois des immigrés. Il nous faut diminuer le chômage des jeunes et mettre tout en œuvre pour favoriser l’intégration des immigrés.
L’Union européenne est le premier pôle d’immigration au monde avec plus de 3 millions d’entrées nettes en 2011, dépassant même l’Amérique du Nord, elle est confrontée à une mondialisation des flux migratoires et elle est devenue un carrefour des liens familiaux, économiques, géographiques, historiques et culturels.
Partant de ce constat, il est tout à fait compréhensible que la sécurité de nos frontières extérieures reste une préoccupation pour les États membres. D’autant plus que l’explosion de l’immigration clandestine et l’imbrication de plus en plus étroite de ses réseaux avec les filières internationales de trafic de drogues, d’armes et de prostitution, représentent une menace pour la sécurité de leurs citoyens. Il faut souligner que l’éradication des flux d’immigration clandestine par la construction de murs réels et virtuels ne fasse que déplacer le problème.
L’UNHCR informe que 45,2 millions de réfugiées (plus tard ils deviennent des immigrés) ont sillonné terre et mer en 2012, un chiffre record depuis 1994, l’accroissement des conflits ethniques en est une cause primordiale. Puis-je rappeler qu’environ 1000 immigrés se sont présentés durant 24 heures le weekend du 18 juin 2013 aux frontières du sud de l’Union européenne et il fut mentionné que quelques douzaines de personnes se sont noyées lors du transfert de l’Afrique du Nord vers les rives du Sud. 1)
Même si les politiques européennes actuelles en matière d’immigration visent principalement à maintenir les demandeurs d’asile en-dehors des frontières de l’Union européenne, il faut se poser la question cruciale: « Pourquoi des gens, des êtres humains et notamment des jeunes se mettent en marche pour tenter de trouver une existence plus digne ? » Bien souvent malheureusement, la situation économique désastreuse de leur pays d’origine ne leur laisse aucun autre choix.
Dans ce contexte l’OCDE a élaboré une étude comparative internationale sur l’impact budgétaire net de l’immigration et on peut en conclure déjà que l’impact fiscal des immigrés est très limité, n’excédant pas 0,5 % du PIB soit il positif ou négatif. Les immigrés, en général, contribuent plus en impôts et en cotisations sociales qu’ils ne reçoivent de prestations individuelles.
Un point additionnel en est la question de savoir s’il ne faudrait pas renforcer l’engagement politique pour réaliser les Objectifs Millénaire du Développement 2015 ? Même si des progrès substantiels en la matière ont été accomplis, la durabilité et l’approche multidimensionnelle du développement selon les trois piliers économique, social et environnemental font défaut. Il est ainsi nécessaire de promouvoir une politique de coopération sincère qui favorise le développement durable, la lutte contre la pauvreté et l’amélioration du niveau de vie dans les pays en voie de développement. Ce sont les conditions préalables afin que l’immigration trouve une fin et le « bonheur de chaque citoyen » soit garanti.
Source :
1) L’OCDE met en avant les vertus fiscales de l’immigration -LE MONDE du 13 juin 2013