Question parlementaire au sujet des médicaments « Anti-Alzheimer ».

Réponse à la question N° 2556 (Question écrite) de Madame Martine Mergen, Députée concernant Médicaments “Anti-Alzheimer”, par Monsieur Romain Schneider, Ministre de la Sécurité sociale, Madame Lydia Mutsch, Ministre de la Santé: qp-2556

Monsieur le Président,

Par la présente, j’ai l’honneur de vous informer que, conformément à l’article 80 du Règlement de la Chambre des Députés, je souhaite poser une question parlementaire à Monsieur le Ministre de la Sécurité sociale et à Madame la Ministre de la Santé au sujet des médicaments « Anti-Alzheimer ».

Les experts de la Haute Autorité de Santé en France estiment inefficace les quatre médicaments « Anti-Alzheimer », qui avaient lors de leur introduction suscité une grande vague d’espoir auprès des patients et des soignants, et qui représentent un aspect de coût non négligeable pour les organismes de sécurité sociale.

En effet, la HAS avait déjà demandé en 2007 le déremboursement de ces médicaments, qui n’auraient qu’un effet très modeste et au mieux temporaire et qui en plus présenteraient un risque non négligeable quant aux effets secondaires, surtout chez des patients polymédiqués.

Elle a réitéré cette mise en garde, après avoir passé au peigne fin une centaine d’études scientifiques disponibles en la matière dans un rapport publié en octobre passé : « l’intérêt médical des 4 médicaments de la maladie d’Alzheimer est insuffisant pour justifier leur prise en charge par la solidarité nationale ». Ils estiment que l’efficacité est au mieux modeste pour les symptômes cognitifs, et même cette action serait limitée dans le temps (« au plus un an »), ainsi qu’aux patients plus jeunes que ceux que l’on traite pour la grande majorité. Un effet sur les troubles du comportement, la qualité de vie, le délai d’entrée en institution et la mortalité par contre ne sont toujours pas établis.

La HAS préconise une prise en charge non médicamenteuse et un parcours de soins afin d’accompagner la prise en charge des patients et de leur entourage.

Ces médicaments sont commercialisés chez nous, disponibles à la prescription par tous les médecins, mais ils sont cependant soumis à un protocole de prescription, contrairement aux règlements français. Une prise en charge par les caisses de maladie doit ainsi être demandée chaque année.

Ceci pourrait éviter une prescription en cas d’effets secondaires, de combinaison médicamenteuse pouvant présenter risque, mais surtout d’inefficacité. Cependant, les médecins sont exposés à une publicité assez agressive de la part de certaines firmes pharmaceutiques, l’une d’elles ayant, pendant une conférence « scientifique », parlé de risques que présenterait un arrêt de la médication.

Devant cette déclaration claire et scientifiquement appuyée de la HAS et en présence des règles de prescription établies à Luxembourg, j’aimerais poser les questions suivantes à Monsieur le Ministre de la Sécurité sociale et à Madame la Ministre de la Santé :

  • Quel est le nombre de patients actuellement traités par un des « Quatre » par rapport au nombre total de patients suivis pour démence type Alzheimer ?

  • Quelle est la durée de traitement moyenne par un de ces médicaments ?

  • Quel est le nombre de refus des prolongations de traitement par rapport au nombre de demandes soumises ?

  • Est-ce que Madame la Ministre de la Santé a prévu une prise en charge non médicamenteuse des malades ?

  • Pour quelle raison les tests neuropsychologiques pour effectuer un dépistage précoce de la maladie ne sont-ils pas pris en charge par la caisse de santé ?

  • Dans le cadre du programme de prévention de la démence, quels sont les critères de recrutement, quel est le nombre de patients y enrôlés actuellement, quel est le coût actuellement engagé par patient ?

  • Dans le cadre de ce programme, quel rôle joue le traitement médicamenteux dont question ?

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération.

Martine Mergen

Députée

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