La promotion de la biomasse et la gestion de la filière bois-énergie

Marcel Oberweis et Aly Kaes interpellent le Ministre de l’Environnement Lucien Lux
Monsieur le Président,

Nous avons l’honneur de vous informer que, conformément à l’article 75 du Règlement de la Chambre des Députés, nous souhaiterions poser une série de questions aux Messieurs les Ministres de l’Environnement et des Finances concernant l’organisation de la filière bois-énergie.

Le projet de règlement grand-ducal instituant un régime d’aides pour la promotion de l’utilisation rationnelle de l’énergie et la mise en valeur des sources d’énergie renouvelables prévoit entre autres des aides à l’investissement en vue de la mise en place de chaudières à gazéification ou de chaudières respectivement poêles à granulés de bois (les pellets).

Le bois représente une ressource naturelle, renouvelable, et dont les réserves croissent régulièrement. Selon l’étude “Ganzheitliche Betrachtung der energetischen Holznutzung in Luxemburg” publiée en février 2005, le potentiel technique du bois de nos forêts est estimé à 100.000-150.000 m3/an et le potentiel énergétique s’élève à 254.000-381.000 MWh/an.

Dans ce contexte, il faut se rappeler que la bonne gestion des forêts est basée sur les principes d’une gestion forestière durable telle qu’énoncée dans la résolution H1 de Helsinki, à savoir ” la gérance et l’utilisation des forêts et des terrains boisés, d’une manière et à une intensité telles qu’elles maintiennent leur diversité biologique, leur productivité, leur capacité de régénération, leur vitalité et leur capacité à satisfaire, actuellement et pour le futur, les fonctions écologiques, économiques et sociales pertinentes, aux niveaux local, national et mondial “.

La filière bois-énergie contribue à valoriser cette ressource naturelle. Grâce à sa disponibilité régionale, la valorisation énergétique de cette dernière peut renforcer l’économie régionale et favoriser la création d’emploi. A titre d’exemple, pour la récolte de chaque tranche de 300 m3 de bois, un nouvel emploi pourrait être créé dans la filière bois et plus généralement dans le milieu rural.

Afin d’organiser la gestion de cette filière, il s’avère nécessaire d’élaborer un programme pluriannuel et pluridisciplinaire bois-énergie, pour le mieux au sein de l’Administration des Eaux et Forêts. Cette dernière s’occupe de la gestion de 44,8 % des forêts du Luxembourg en tout environ 40.000 ha. En ce qui concerne les forêts privées, leur surface totale s’élève à environ 45.700 ha.

Dans le cadre d’un tel programme forestier et durable, l’Administration des Eaux et Forêts aurait pour mission de définir différents projets à réaliser notamment dans le domaine du débroussaillage de nos forêts et de la mise en valeur de la matière repoussante destinée à des fins énergétiques. Il va de soi qu’un bon nombre de jeunes chômeurs, encadrés par du personnel qualifié, pourraient être recrutés pour effectuer ces travaux. En plus les jeunes chômeurs pourraient obtenir une formation adéquate leur facilitant l’insertion ou la réinsertion sur le marché de l’emploi et dans la société.

Ainsi les agriculteurs tireront profit de la valorisation de cette énergie repoussante. Celle-ci représenterait pour eux une nouvelle source d’activité et des revenus complémentaires.

En tant que source d’énergie renouvelable, le bois peut aider à réduire la grande dépendance du Luxembourg à l’égard des marchés internationaux d’énergies fossiles et sachant que ces dernières ne sont pas inépuisables et que la flambée du prix de pétrole perturbe notre économie, il s’avère nécessaire de changer notre tissu d’alimentation énergétique.

L’utilisation de la biomasse bois à des fins de production d’énergie thermique présente un certain nombre d’avantages répondant au défi susmentionné et aux trois objectifs du développement durable, que sont l’objectif économique, écologique et social. Conscient des contraintes en matière d’émissions de CO2, le Luxembourg devrant réduire ses émissions de CO2 de 28 % jusqu’ en 2012, l’élaboration d’un tel programme bois-énergie s’avère dès lors nécessaire.

Dans ce contexte, nous aurions aimé poser les questions suivantes à Messieurs les Ministres de l’Environnement et des Finances :

* Afin d’organiser la gestion de la filière, ne devrait-on pas envisager de monter un programme pluriannuel et pluridisciplinaire bois-énergie et ceci au mieux au sein de l’Administration des Eaux et Forêts ?

* A l’instar des conclusions de l’étude “Ganzheitliche Betrachtung der energetischen Holznutzung in Luxemburg” et afin de promouvoir la biomasse bois à des fins énergétiques, ne devrait-on pas songer à réduire le taux de TVA actuel de 12 % à 6 %?

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre très haute considération.

Marcel Oberweis

Aly Kaes

Députés

Zréck