À 26 ans, Serge Wilmes préside la Jeunesse chrétienne-sociale (CSJ). Un mouvement dont il assume pleinement l’idéologie. À commencer par l’inspiration religieuse. De la journaliste du « Quotidien », Liliana Miranda.
De l’ambition, il en a à revendre. Avant de pouvoir voter, Serge Wilmes possédait déjà une carte de membre auprès du CSV. Et après avoir assumé la fonction de secrétaire général au sein de la CSJ pendant deux ans, c’est «tout naturellement» qu’il en a pris la présidence en avril 2008.
Se considérant un «homme de foi», Serge Wilmes n’a eu aucun mal à choisir sa famille politique. Son organisation de jeunesse est certes ouverte aux personnes de toutes les confessions. Il n’empêche que l’«humanisme chrétien» lui tient tout particulièrement à cœur.
En assumant ouvertement son sentiment religieux, il ne s’est pas fait que des amis. Serge Wilmes dénonce avec vigueur l’«intolérance de certaines personnes envers les croyants». Une intolérance qui reviendrait à traiter les principaux concernés comme des «citoyens de seconde zone». Quoi qu’il en soit, le président de la CSJ n’est pas en faveur d’une séparation entre l’Église et l’État, la foi étant un «phénomène qu’il ne faut pas ignorer».
Chrétien, oui; conservateur, sûrement pas. En un siècle et demi, dont une grande partie avec le CSV ou ses précurseurs au pouvoir, le Grand-Duché aurait bel et bien évolué – bien que les adversaires affirment le contraire. Lors des débats de société, son parti n’aurait certainement pas choisi le chemin le plus facile. «Nos valeurs fondamentales, nous ne les jetons pas par-dessus bord», explique Serge Wilmes.
Du travail gouvernemental, le président de la CSJ retient les finances, particulièrement équilibrées après quelques turbulences. Et, dans ce même contexte, l’accord tripartite, conclu en 2006. «L’introduction du statut unique n’aurait été possible sous aucune coalition autre que celle formée par le CSV et le LSAP», ajoute encore le jeune homme. L’emploi et le logement devraient, quant à eux, rester les priorités des derniers mois avant les prochaines législatives. De même pour la double nationalité, qui sera vraisemblablement à l’ordre du jour dès la rentrée parlementaire.
«Cette mesure n’est ni populiste ni nationaliste, mais purement raisonnable. Nous sommes pragmatiques.» C’est ainsi que Serge Wilmes commente le projet de loi et plus précisément l’obligation de maîtriser la langue luxembourgeoise.
À propos d’échéances électorales, la CSJ élabore à l’heure actuelle son propre programme. Un document qui inspirera sans doute les aînés. «Nous travaillons beaucoup en coulisses», souligne le président de l’organisation. Côté contenu, les jeunes chrétiens-sociaux se baseront sur les conclusions tirées lors du dernier congrès. Or indépendamment du résultat, Serge Wilmes est conscient de «nager contre le courant», dans le sens où les autres associations politiques de jeunesse défendent «d’un point de vue idéologique» des positions plus proches.
Se présenter aux élections, un «devoir»
Qu’il s’agisse d’une pure coïncidence ou d’une vraie rivalité, le nom de la Jeunesse démocrate et libérale est cité plus d’une fois. Et le jeune homme ne l’évoque pas forcément pour en faire l’éloge. Abaisser l’âge électoral à 16 ans, comme le proposent les libéraux? «Absurde!» Instaurer une «culture politique» dans les écoles ferait bien plus de sens. La CSJ soutient d’ailleurs l’idée d’un «Parlement jeunesse», histoire de réellement motiver les adolescents à s’intéresser davantage à la vie politique.
À titre personnel, la «cohésion sociale» fait partie de ces grands chantiers auxquels Serge Wilmes ne refuserait pas de participer. «Chaque couche de la population doit obtenir sa part du gâteau. Ce qu’il faut éviter, c’est que les gens se sentent insatisfaits», dit-il. La réforme territoriale le passionne également. «Structurer de manière efficace», tel est son mot d’ordre.
Ce n’est pas demain la veille qu’il pourra imposer sa vision des choses. Et pourtant sa carrière semble toute tracée. Il l’assume sans hésitation: vivre uniquement de la politique est un objectif. «En me présentant aux élections, je ne fais que remplir mon devoir», lâche le président de la CSJ. Encore faut-il que le parti-mère fasse figurer son nom sur la liste des candidats. Ce qui n’est, soit dit en passant, pas forcément exclu.
Son bac une fois dans la poche, Serge Wilmes a entamé des études d’histoire à l’université du Luxembourg. Des études qu’il a achevées à Nancy. Dès la rentrée, il occupera le poste de conseiller parlementaire au sein du CSV. L’occasion de se rapprocher encore un peu plus de ce milieu qui semble autant l’attirer.
Si je devais critiquer le CSV…
Inutile de préciser que Serge Wilmes partage en très grande partie la philosophie du parti chrétien-social. Il se limite par conséquent à prodiguer un simple conseil aux élus : qu’ils fassent preuve de confiance en eux-mêmes. «Nous devons penser davantage à nos points forts et rester concentrés. Les sondages, bien que favorables au CSV, ne doivent pas nous détourner de l’essentiel», estime le politicien en herbe.
Ce qui vaut pour les sondages vaut également pour les autres partis politiques. Pas question de se laisser déranger par tel ou tel adversaire; mieux vaut passer son temps à chercher le dialogue et à convaincre la population.
De toute façon, le président de la CSJ n’est pas du genre à s’adonner aux attaques gratuites. «Où est-il écrit que les jeunes doivent obligatoirement se rebeller? Absolument nulle part!», s’insurge le jeune homme. En clair, les altercations avec le CSV sont rarissimes. Ce qui n’empêche pas l’organisation de jeunesse d’émettre des critiques, à condition qu’elles soient justifiées.
«Nous sommes une organisation autonome», rappelle Serge Wilmes. Qui dit préférer informer ses membres à travers des événements tels que des séminaires plutôt que de faire du bruit pour rien.
Source: MIRANDA Liliana, Inspiré par l’humanisme chrétien, dans, Le Quotidien, édition du 26 août 2008, p. 2.