Jean-Marie Halsdorf doit investir 850 millions dans la gestion de l’eau.
Le projet de loi sur la gestion de l’eau court dans les ministères. Pour retrouver la qualité. Au prix fort.
Des lacunes, à la louche: capacité insuffisante des stations d’assainissement, épuration inexistante sur des méandres de la Moselle, mauvaise protection des captages de sources, réseaux de distribution sans interconnexion…
Jean-Marie Halsdorf n’a pas hérité d’un ministère de tout repos: «Nous savons tout cela. Le pays doit investir de l’ordre de 850 millions d’euros en collecteurs et épuration des eaux usées. Mais cela ne me fait pas trop peur. Nous sommes prêts.» Un sacré pari! Il passe tout d’abord par l’adoption d’une législation qui, enfin, soit en phase avec la directive européenne.
Les services du ministère viennent juste de terminer le texte. Celui-ci, aujourd’hui, se trouve dans le circuit ministériel, du côté de l’Environnement ou de l’Agriculture. Si les départements concernés expriment un consensus, Halsdorf déposera sa copie en conseil de gouvernement, en juillet.
En 66 articles, l’on y parle d’écologie, d’économie, d’une problématique de gestion qui soit envisagée sur un plan global, intégré, dans un souci de développement durable. «.D’ailleurs, assure Jean-Marie Halsdorf, notre transposition sera maximaliste. Ce sera une bonne loi» qui, peut-être plus qu’avant, mettra les communes au premier plan. L’Etat se réserve toutefois le rôle de gardien de l’eau et de la réserve d’intérêt national. Et pas question de privatiser l’or bleu. «Je suis absolument contre. Juncker aussi, je crois. Les communes restent propriétaires. Ce sont elles qui facturent. Mais on peut imaginer que l’entretien et la surveillance soient, par sous-traitance, confiés au privé.”
Principe du pollueur-payeur
Pour l’heure, le ministre craint davantage pour la qualité de l’eau (notamment par les dégâts collatéraux de l’agriculture) que pour la quantité. Autrement dit, sa loi donnera aux communes l’outil pour créer leurs zones de protection. En revanche, il n’envisage pas une seconde de devoir construire des réserves contenues par des barrages. Même si, parfois, dans l’Est, «on dit qu’il manque d’eau». A cet égard, il plaide pour une interconnexion plus large des réseaux de distribution. «C’est la première fois, ajoute-til, que la loi établit un lien étroit entre la gestion de l’eau (dont la prévention des risques d’inondation) et les plans d’aménagement communaux. C’est ça, le grand défi. Par ailleurs, on perçoit une prise de conscience salutaire.» Qui s’aiguisera davantage lorsque les communes seront tenues d’appliquer le «prix-vérité», soit le coût réel de l’eau, depuis le captage jusqu’au rejet après épuration.
Le prix? Sans doute au-delà des quatre euros le mètre cube. Pour une meilleure qualité de l’eau, le texte d’Halsdorf prévoit le principe du pollueur-payeur. Assorti de trois taxes à l’adresse des ménages, des cultivateurs, des industriels. Si, conclut le ministre, nous allons réussir.
Source: Le Jeudi, 8 juin 2006