Des projets axés sur les orientations de l’IVL

L’achèvement de la Nordstrooss, la liaison Micheville, le contournement de Junglinster – le Ministre des Travaux Publics, Claude Wiseler détaille dans le journal de l’ACL les priorités du gouvernement dans le domaine de la construction routière

Automobile Club Luxembourg: Monsieur le ministre, comment décririez-vous le bilan des deux première années de fonction?

Claude Wiseler: En ce qui concerne l’atmosphère de travail, je puis affirmer que j’ai appris à utiliser le langage direct des ingénieurs et à attaquer de front des problèmes réels du quotidien en matière de travaux publics. Les grands projets sont souvent soumis à une dure réalité financière, mais aussi et surtout, aux réalités géographiques et techniques qui caractérisent notre pays.

Sur le plan de la politique de l’investissement, nous devons nous plier aux contraintes budgétaires nouvelles (surtout depuis l’état de la nation du 2 mai dernier) . Nous constatons que la croissance sera bien plus modérée en matière d’investissement, à la fois sur le plan du bâtiment que du génie civil. C’est une nouvelle donnée qui nous impose de choisir des priorités en fonction des fonds disponibles, mais aussi en fonction de l’impact de l’investissement sur l’économie nationale. Le génie civil est un facteur qui agit directement sur l’économie. D’ou aussi le besoin d’être prudents dans nos choix.

Quelles sont les nouvelles priorités de votre ministère en matière de génie civil ?

D’abord, terminer ce qui a été commencé. La Nordstroos est la priorité par excellence. J’ai eu de la chance de prendre ce projet en route, en plein milieu de la construction du tunnel Grouft, et il ne me reste qu’une seule option : celle de le terminer. Mon but est d’achever le percement aussi vite que possible que l’on puisse enfin rouler sur cette route. Nous avons arrêté les montants de €73.000.000 pour la phase en cours, €129.000.000 pour la phase suivante.

Deuxième priorité : la liaison Micheville. Toute notre action se réfère à la logique de l’IVL. A l’instar de la Nordstroos qui a pour but de générer le pôle urbain Nordstâdt, la liaison Micheville doit contribuer à enclencher la mise en place du pôle Südstâdt. Le développement des friches industrielles de Belval est en cours et il nous incombe de parachever cette action. Nous avons tiré nos leçons, surtout en matière financière, de l’expérience Nordstroos et avons, avec l’accord des communes, raccourci le tunnel projeté à Belval. Nous avons ainsi économisé près de 74.000.000 d’Euros. Ce qui n’est pas rien ! En outre l’approche budgétaire est différente de la Nordstroos. Nous savons que le cadre financier ne peut raisonnablement plus être projeté sur 15 ans. Ainsi pour éviter les reproches relatifs aux « dépassements » de budget, nous allons procéder par tranches courtes dont les projections financières seront plus faciles à estimer et rendre de ce fait les dépassements de budget moins probables. Chaque tranche sera votée de manière individuelle. La première partie de Micheville a déjà été votée.

Autre priorité : Le contournement de Junglinster. Le projet de lycée prévu dans ce « sous-pôle » d’urbanisation exige un dégagement du trafic routier afin de permettre un développement satisfaisant de la région. A l’instar de Mamer qui est en cours d’achèvement, le Lycée se trouvera rattaché aux transports en commun et au réseau routier.

Coordination des actions de l’Etat dans le cadre de l’IVL

Quelle est la vision qui guide tous ces projets prioritaires ?

La grande nouveauté dans notre approche est la coordination de toutes les actions de l’Etat en matière de développement des infrastructures du pays. Les administrations concernées travaillent de manière concertée et non plus séparée. L’IVL est un concept d’aménagement de notre territoire national visant le long terme et constitue le système référentiel qui nous permet de choisir les priorités de chaque ministère tout en maintenant cette cohérence de nos actions qui nous a tant fait défaut préalablement. L’IVL est toujours sujet à critiques, mais une chose est acquise, c’est la vision d’ensemble qui nous permet aujourd’hui de réaliser nos projets. Les prochaines années, le concept sera perfectionné grâce à la contribution de chaque ministère. La question des trois pôles de développement urbain n’est plus remise en cause.

Nous recevons fréquemment à l’ACL des réclamations concernant les « points noirs » qui touchent notre réseau routier. Un de ceux-ci est la question des station-service sur autoroute. Comment votre administration pense-t-elle contrôler cette question ?

Ce problème est difficile à résoudre. Nous avons, au cours de la dernière période, mis en œuvre un nombre de mesures pour permettre d’augmenter le débit des station service en nombre de véhicules par heure. Nous nous trouvons aujourd’hui dans la phase d’analyse de l’impact généré par nos actions correctives. En fonction de nos conclusions, de nouvelles mesures seront prises, ou non. Mais la problématique est très difficile à résoudre, car le nombre de camionneurs, est en constante croissance. En tout état de cause nous collaborons étroitement avec les autorités étrangères, notamment françaises.

Ou en est l’affaire de l’échangeur de Hellange ?

Nous sommes toujours en justice avec les propriétaires du terrain qui se trouve sur le tracé de l’autoroute. Sur le fond, c’est à dire le principe de l’expropriation, le juge administratif nous a donné raison. Le volet civil, c’est à dire la question de l’indemnisation est en cours d’être débattu et ceci peut durer un certain temps.

Une affaire à suivre, donc !

Malheureusement.

Comment jugez-vous le rôle du ministère de travaux publics en matière d’information routière et du combat pour la mobilité ?

Notre ministère est impliqué dans cette action pour des raisons historiques. Notre mission est aujourd’hui d’analyser et de comprendre les flux de véhicules sur les autoroutes. CITA nous aide immensément à résoudre les problèmes urgents en matière de sécurité sur le réseau autoroutier, que se soit les accidents dans les tunnels ou autres. Nous sommes à même aujourd’hui d’intervenir rapidement et de dégager les obstacles qui gênent la circulation, voire les éventuelles victimes d’accidents et de sauver ainsi des vies.

Améliorer la mobilité par le biais de l’information

Contournement.jpgNos membres et les usagers de la route en général resentent un besoin non-encore assouvi en matière de gestion de la fluidité, ou de gestion de la mobilité. Comment voyez-vous le rôle de votre ministère sur ce plan ?

Nous collaborons de toute manière avec tous les moyens de communication existants, mais nous voyons encore une grande évolution en matière. La répartition des rôles en matière de mobilité est encore en voie de développement. Le partenariat « CAR » en est la preuve. Cita, l’ACL et la Police Nationale, à travers du RIFO, sont entrain de mettre au point la coordination d’un outil qui permet de gérer utilement l’information routière et j’ai bon espoir que nous arriverons, par ce biais, à améliorer cette information et la mobilité de l’usager des routes.

A quoi nos enfants doivent-ils s’attendre pour le futur, qualité de vie accrue grâce à une amélioration de la mobilité ou l’immobilisation totale?

La question de la mobilité est indubitablement celle qui va marquer l’évolution de notre pays au cours des prochaines décennies. Nous allons construire les routes nécessaires au bon développement économique de notre pays. Par contre, il est évident que la mobilité passera par une réflexion fondamentale sur le transport en commun. Les question tram et train sont des éléments essentiels pour l’amélioration de la mobilité. Une partie du transport en commun utilise de toute manière l’infrastructure routière et ceci constitue également un facteur important à considérer dans notre approche de développement. Ma conclusion est que nous allons avancer dans le sens d’une amélioration de notre qualité de vie qu’à la seule condition que nous nous efforcions de garder une vision d’ensemble complète et cohérente de la mobilité et de considérer tous les aspects qui la concernent.

ACL : merci monsieur le ministre

Source: autotouring 3 / 2006

Photo du contournement du Bridel: © gouvernement.lu