La promotion des soins palliatifs constitue pour la députée et infirmière Marie-Josée Frank une priorité de son action politique. Dans un entretien au Quotidien, elle se félicite du projet de loi qui devrait être bientôt déposé au Parlement.
Les fonctions de bourgmestre de Betzdorf et de députée n’ont pas fait oublier à Marie-Josée Frank sa profession première : infirmière en soins palliatifs.
«Je considère que j’ai obtenu une chance énorme de pouvoir participer à une formation en soins palliatifs. Malgré mes nouvelles fonctions, et à titre bénévole, il m’arrive encore d’accompagner des personnes en fin de vie, des proches ou des habitants de la commune. Ces malades m’apportent beaucoup, m’obligent à évacuer certaines frustrations de la vie politique, me ramènent dans le monde réel, les deux pieds sur terre», confie l’infirmière. Qui se réjouit que le projet de loi prépare par le ministre de la Santé, Mars Di Bartolomeo, ait été adopté dans ses grandes lignes par le Conseil de gouvernement, avec un bémol pour ce qui concerne le volet sur le congé spécial qui doit repasser devant les ministres.
«Il est important de parler de ce projet, de le porter dans les médias», note la députée-maire qui depuis son arrivée à la Chambre en a fait l’une de ses priorités politiques.
Non à l’euthanasie «On a besoin de toute sa vie pour préparer sa mort», assure celle qui a accompagné maintes personnes sur le dernier chemin. Et poursuit : «La mort ne doit pas être un sujet tabou. C’est fort regrettable que, dans notre société de consommation, la mort – la notre comme celle des proches – semble devenue quelque chose qui gêne, qui dérange le confort quotidien…».
Marie-Josée Frank, qui connaît la mort de près, n’est pas pour autant une adepte de l’euthanasie active. Tout comme le ministre, elle n’est pas pour autant opposée à une médication antidouleur, même si cette dernière doit abréger la vie. Ce qui pour la députée est tout à fait autre chose que des actes posés volontairement pour mettre fin à la vie.
«Ma conviction chrétienne m’apprend que l’on a été appelé à la vie, que celle-ci ne doit pas être écourtée par la main d’un autre», affirme la députée du CSV. Qui estime que la crainte face à la mort est avant tout liée à la peur face à la douleur.
Avec vigueur, elle plaide pour la prise en charge des soins palliatifs, dans les hôpitaux et par des équipes intervenant à domicile. Certes, des services existent déjà, notamment sur initiative de l’association Oméga 90. Mais la députée se bat pour ancrer la pratique dans la loi, notant que si l’on veut permettre à tous de mourir en dignité il faut aussi que l’État s’en donne les moyens, notamment financiers. Elle souhaite encore que le sujet des soins palliatifs soit intégré aux formations initiales des médecins et des infirmières.
Reste au gouvernement à lever ses dernières réticences pour que le projet de loi soit enfin déposé au Parlement.
Source: Le Quotidien, 4 janvier 2005, jounaliste Alain Kleeblatt