Le Parti chrétien-social a donné le ton, hier, de sa campagne électorale pour les communales. Un slogan phare : vivre ensemble. François Biltgen s’en explique dans une interview du Quotidien.
Le Quotidien : Quels sont les grands thèmes, les lignes fortes de votre prochaine campagne aux communales?
Les thèmes sont en général tous les sujets qui gravitent autour de la vie dans les communes. Mais nous axons cette campagne essentiellement sur les jeunes mais également sur la politique d’intégration, d’où notre slogan «Ensemble pour les communes» qui veut bien dire ce qu’il veut dire. On ne peut pas supporter de ségrégation au niveau communal sinon cela se répercute au niveau national.
Le Quotidien : Estimez-vous que le phénomène xénophobe a gagné du terrain par rapport aux dernières communales de 1999?
C’est difficile à dire. Il y a toujours eu un sentiment xénophobe qui n’est d’ailleurs pas propre au Grand-Duché. Heureusement, chez nous au.Grand-Duché, à part cette xénophobie latente qui jaillit surtout dans les bistrots, nous n’avons toujours pas de force vraiment organisée ultranationaliste xénophobe car les Luxembourgeois savent qu’ils vivent dans un petit pays qui a besoin des étrangers. Mais, cela étant dit, vu la croissance du nombre de non-Luxembourgeois, il faut éviter de tomber dans les niches qu’ont connues d’autres pays. Pour nous, cela signifie éviter de construire des ghettos au niveau communal. Avec une forte augmentation de non-Luxembourgeois, c’est un risque à éviter. Éviter la communautarisation. La politique communale joue un très grand rôle à ce niveau.
Le Quotidien : Justement, quel est le rôle de la politique communale en termes d’intégration?
C’est un échelon beaucoup plus concret. C’est pour cette raison que nous allons mener une campagne nationale assez rétrécie car les gens ne veulent pas entendre de slogans nationaux mais ils veulent, à partir de ces slogans, entendre des réponses concrètes de la part des hommes politiques communaux. Nous avons élabore un abécédaire des thèmes généraux de cette campagne mais c’est aux sections locales de les décliner.
Le Quotidien : Le fait que les deux plus grandes villes du pays, à savoir Luxembourg et Esch, aient basculé vers une population majoritairement de non-Luxembourgeois, est-ce une opportunité à vos yeux ou un phénomène inquiétant ou encore un profil normal pour le pays?
Ce que l’on doit faire dans ces cas de figure, c’est justement prendre en compte cette realité encore davantage dans ces villes. J’aimerais rappeler qu’en 1999, lorsqu’il y avait encore très peu d’inscrits non luxembourgeois sur les listes électorales, il y avait déjà une forte population de non-Luxembourgeois dans ces deux villes. Aujourd’hui, cela s’est encore aggravé. À l’époque, le CSV avait motivé toutes ses sections à montrer très clairement que le parti était ouvert aux candidats non luxembourgeois non pas pour respecter un quota mais pour intégrer pleinement les non-Luxembourgeois à la vie communale. Nous étions le seul parti à faire élire trois candidats non luxembourgeois. C’était peu mais c’était déjà ça. Les mentalités changent, vous savez. À partir du moment où il y aura des non-Luxembourgeois élus au sein d’un grand parti, la discussion prendra aussi une autre tournure.
Recueilli par Geneviève Montaigu
Source: Le Quotidien du 3 mai 2005