paperJam a demandé à un certain nombres de personnalités, hommes ou femmes politiques, de donner leur propre opinion et de déclarer leur intention de vote au referendum du 10 juillet
“Un compromis plus qu’honorable”
«La question à laquelle les Luxembourgeois devront répondre le 10 juillet est en fin de compte simple: voulons-nous, là où nous n’en avons pas assez, plus d’Europe, sans que pour autant l’Europe remplace l’Etat national là où nous n’en avons pas besoin?
Comme tout autre citoyen, je représenterai avec mon suffrage le peuple luxembourgeois tout entier. Avant de voter, je dois donc me demander ce qui arrivera si tous les électeurs votaient comme moi. Or, voter non, qu’on le veuille ou pas, équivaut à un retrait du Luxembourg du processus d’intégration européenne. Il s’agit donc d’une décision fondamentale, faisant du référendum un scrutin plus important que les élections législatives.
Même si je voterai en faveur sans hésitation, je suis le premier à admettre que le traité constitutionnel n’est pas parfait. Si j’avais été seul à l’écrire, le résultat ne serait pas le même. Mais l’Europe n’est pas le reflet de l’opinion d’un homme ou d’un pays.
L’Europe, c’est accepter d’intégrer sa propre démarche à celle des autres afin de dégager une démarche commune. Le traité constitue un compromis plus qu’honorable. Refuser de voir que 25 gouvernements et plus de 100 partis politiques se sont mis d’accord sur cette Constitution est, quoi qu’on en dise, se montrer très peu européen.
L’important sera en fin de compte le bon usage qu’on fera de la constitution. Il n’y a rien dans le traité à quoi on devrait s’opposer au nom de l’intérêt national. Il nous offre par contre la possibilité de faire plus de politique sociale, plus de protection de l’environnement ou encore plus de politique étrangère. La Constitution pour l’Europe représente dès lors une étape importante dans la construction européenne telle que lancée il y a 55 ans par des hommes dont, aujourd’hui plus que jamais, on ne peut qu’admirer le courage».
Jean-Claude Juncker
“Pour d’avantage d’Europe”
«Oui, je suis inconditionnellement en faveur du Traité établissant une Constitution pour l’Europe, même si sur beaucoup de points ce Traité ne peut être considéré que comme une étape supplémentaire sers l’établissement d’une Europe politique unie. Je suis, à l’instar de mon parti partisan de davantage d’Europe. L’Europe que nous voulons ne doit pas être seulement une Europe économique (encore que la prospérité actuelle de notre pays soit due à cette Europe sans frontières), mais également une Europe politique, une Europe basée sur des valeurs humaines et une Europe sociale.
Sur tous ces domaines le nouveau Traité établit des progrès, insuffisants, mais réels:
– le Traité marque un nouveau pas vers une Europe politique, en renforçant les mécanismes institutionnels, en communautarisant de nouveaux domaines politiques et en soumettant davantage de décisions à la codécision avec le Parlement et au régime de la majorité qualifiée
– Le Traité prévoit un meilleur contrôle démocratique avec le droit de pétition et l’intégration des parlements nationaux dans l’élaboration législative moyennant le «mécanisme d’alerte précoce»
– Un oui à l’Europe sociale, qui est consolidée; si les avancées sont peu nombreuses, elles sont néanmoins réelles (consécration des notions de l’économie sociale de marché, «solidarité», consécration du sommet social, introduction d’une clause sociale «horizontale» qui s’imposera à toutes les politiques,…
– Consécration des «valeurs universelles que constituent les droits inviolables et inaliénables de la personne humaine, ainsi que la démocratie, l’égalité, la liberté et l’état de droit»; c’est la première fois que l’Union devient ainsi officiellement une communauté de valeurs fondamentales.
Bien sûr, la politique européenne sera jugée à ses actes, qui ne sont pas toujours à la hauteur des ambitions. Mais les nouveaux textes donneront davantage de moyens aux acteurs pour atteindre les objectifs fixés».
François Biltgen
“Plus de sécurité, et donc de liberté”
«Je voterai «oui» au traité constitutionnel parce que si l’Europe avance, la paix, la sécurité et la prospérité progressent. Notre pays, au cours des cinquante dernières années, a profité énormément de la construction européenne: absence de guerre, développement d’une place financière internationale, etc. Aujourd’hui l’Europe est confrontée à de nouveaux défis en matière de sécurité auxquels aucun pays n’est en mesure de faire face seul.
La lutte contre le terrorisme et le crime organisé, ainsi que la gestion de crises régionales exigent des réponses européennes. En jetant les bases d’une défense commune et en améliorant de façon substantielle la coopération judiciaire et policière, la Constitution européenne fera en sorte que l’Europe nous apportera plus de sécurité, et donc de liberté».
Luc Frieden
“Elle place les citoyens au centre du projet européen…”
«Par l’adoption de la Constitution, l’Union européenne se donne le cadre institutionnel pour relever les défis de demain d’une Europe de 25 membres et de 450 millions d’habitants. La Constitution place les citoyen-ne-s au centre du projet européen en renforçant les droits fondamentaux dans l’Union.
En associant étroitement les citoyen-ne-s et la société civile, elle donne un nouvel élan au processus d’intégration européenne. Elle reprend les valeurs, de l’Union, et les objectifs et définit les responsabilités de ses institutions et l’incite à assumer son rôle au niveau mondial.
L’Union européenne est un moteur dans le développement de la démocratie participative composée d’hommes et de femmes. Elle a de grands mérites dans la mise en œuvre de l’égalité de droit et de fait entre les femmes et les hommes. La Constitution européenne représente aussi un progrès dans le domaine de la promotion de la protection sociale, l’égalité entre les sexes, la solidarité entre les générations et la protection des droits des enfants. Elle promeut également la cohésion sociale et la solidarité entre les Etats membres. Elle confirme les droits des personnes âgées et l’intégration des personnes handicapées en tant que l’un des objectifs de l’Union. Elle demande que l’Union cherche à éliminer les inégalités et combatte toute discrimination fondée sur le sexe, la race ou l’origine ethnique, la religion ou les convictions, un handicap, l’âge ou l’orientation sexuelle.
Elle assure l’application du principe de l’égalité des rémunérations entre travailleurs féminins et masculins pour un même travail ou un travail de même valeur.
La Charte des droits fondamentaux est intégrée dans la Constitution, ses dispositions auront force juridique contraignante pour les institutions de l’Union, de même que pour les Etats membres. La Constitution permettra de préserver les solidarités familiales, de favoriser une meilleure compréhension de l’inclusion sociale et de contribuer ainsi à la modernisation du modèle social européen.
Elle confirme le développement des politiques favorisant l’articulation entre la vie professionnelle et la vie familiale y compris en matière de garde des enfants et des personnes les plus vulnérables et dépendantes. L’intégration de la dimension du genre (gender mainstreaming) est également étendue à la politique étrangère et de sécurité ainsi que la justice et les affaires intérieures».
Marie-Josée Jacobs
“Un pas important dans la direction de la construction européenne…”
«A votre question, ma réponse est clairement «oui». Un «oui» de raison, mais également un «oui» de cœur.
Un «oui» de raison parce que j’estime qu’il s’agit après le Traité de Nice et suite à l’élargissement à 25 tout simplement d’une nécessité.
Une nécessité pour faire fonctionner de façon efficace les institutions européennes, une nécessité pour simplifier et clarifier le fonctionnement européen et, enfin, une nécessité démocratique par le renforcement du rôle du Parlement européen.
Un «oui» de cœur parce que je crois qu’il s’agit d’un pas important de plus dans la direction de la construction européenne à laquelle je souscris sans nuances.
Il peut paraître banal de parler de paix, de développement, d’amitié entre les peuples, de vie commune sous un même toit d’ennemis séculaires. Cela a été dit et redit et pourtant cela reste essentiel, surtout au regard des conflits qui ressurgissent partout dans le monde et parfois même, comme dans l’ancienne Yougoslavie, en Europe.
La construction européenne est une œuvre créatrice de paix. Comme l’élargissement, comme l’Euro, le présent traité constitutionnel est à mes yeux un pas de plus qui rend un peu plus impossible – heureusement – de reculer.
Je sais qu’il y aura toujours des passages du traité qu’on aurait souhaité différents. Je pense cependant qu’étant donné qu’il s’agit d’un texte fait pour 25 pays, devant satisfaire la plus grande partie des formations politiques européennes, le résultat dans son ensemble est plus que positif.
Comme, en cette matière, s’arrêter signifierait reculer, un «oui» de raison et de cœur me paraît la seule alternative».
Claude Wiseler
paperJam, du 22 avril 2005