Dans un entretien avec Le Jeudi, Jean-Louis Schiltz, ministre de la coopération, fait le point sur l’action politique qu’il entend mener.
Dans un entretien avec Le Jeudi, Jean-Louis Schiltz, ministre de la coopération, fait le point sur l’action politique qu’il entend mener.
Le Jeudi: Elu pour la première fois député, vous décrochez derechef un poste de ministre. Comment avez-vous gravi si vite les échelons?
Jean-Louis Schiltz: J’ai débuté en politique en 1999, lors des élections communales à Luxembourg-Ville. A l’époque, j’ai fait cela sans véritable préparation. Début 2000, j’ai accepté le poste de Secrétaire général; j’ai été réélu trois ans plus tard.
Au début 2003, il s’est trouvé que je serais responsable de l’organisation de la campagne électorale du parti pour les législatives.
Après le scrutin, j’ai fait partie de la délégation qui a négocié l’accord de coalition. Suite à des propositions que j’ai faites lors du congrès du parti, le Premier ministre m’a demandé de faire partie du gouvernement… et j’ai accepté.
II s’agit donc d’une récompense pour bons et loyaux services au sein du parti?
Jean-Louis Schiltz: Cela, il faut le demander à celui qui m’a posé la question! Moi, je le considère comme un défi et les départements dont j’ai la charge me conviennent parfaitement
«Le Luxembourg fait partie du Top 5»
D’où vous vient cette soudaine vocation pour la coopération?
Jean-Louis Schiltz: La question me semble être celle de savoir si la politique est une vocation. Mais elle mérite un long débat… Je trouve que la coopération est un domaine passionnant, d’autant que le Luxembourg fait partie du Top 5 et que nous sommes les premiers par tête d’habitant…
Les gens qui vivent au Luxembourg, en dépit du fait que nous n’ayons plus les chiffres de croissance de la fin des années 90, montrent ainsi qu’ils savent partager. Il faut donc continuer dans cette direction, avec les 80 ONG agréées auprès du ministère.
Sur le volet “action humanitaire”, justement, le programme gouvernemental est muet. Pourquoi?
Jean-Louis Schiltz: Le fait que l’humanitaire ne figure pas dans l’accord de coalition ne veut pas dire qu’on le néglige. J’en veux pour preuve que la première décision que j’ai été amené à prendre concernait une intervention luxembourgeoise lors de la crise des inondations au Bangladesh (250.000 euros affectés). S’en est suivie une opération pour le Darfour, pour lequel le Luxembourg a consacré 1,3 million d’euros.
En matière de coopération, l’Etat assure vouloir consacrer 1% de son RNB à l’aide au développement. Quand ce seuil sera-t-il atteint?
Jean-Louis Schiltz: J’ai dit a plusieurs reprises qu’on continuait la marche vers le 1%. L’accord de coalition ne prévoit pas de date et je ne me prononcerai pas non plus sur une date à ce stade, pour la simple raison qu’il faut voir comment évoluent les contraintes budgétaires. Je ne peux pas m’en affranchir.
Par ailleurs, le ratio de l’aide au développement augmentera aussi en fonction de la capacité que nous avons à gérer les projets ici, au ministère, et notamment à les évaluer. Le développement ne se mesure pas qu’en chiffres, mais également en terme de qualité.
«Un effort de continuité»
Vous entendez modifier certaines critères de définition des pays cibles. Dans quel sens?
Jean-Louis Schiltz: Il n’est pas dit, dans l’accord de coalition, qu’on va les modifier, mais les réviser… ce qui est légèrement en deçà. La révision peut nous conduire à maintenir la liste actuelle des dix pays cibles. De toute façon, on n’entre pas d’un jour à l’autre dans un pays cible, de même que l’on ne s’en retire pas d’un jour à l’autre. C’est un effort de continuité. A ce stade-ci, c’est-à-dire après six semaines d’exercice, mon opinion est qu’aucun des pays cibles n’a, d’un point de vue global, atteint un niveau de développement qui permette au Luxembourg de se retirer.
Peut-on envisager une augmentation du nombre des pays cibles?
Jean-Louis Schiltz: Dans ses recommandations de 2003, I’OCDE a plutôt encouragé le Luxembourg à rester sur la voie de la concentration, voire à aller encore plus en avant sur ce registre. Le Luxembourg étant un petit pays faisant un très gros effort, il serait bien avisé de faire les choses bien, en peu d’endroits, plutôt que de se disperser.
Comment allez-vous utiliser la présidence luxembourgeoise de l’Union européenne pour faire avancer certaines dossiers?
Jean-Louis Schiltz: Je vais rencontrer mon homologue néerlandaise, qui est la présidente en exercice du conseil européen, pour faire le point sur les priorités de la présidence. Elles seront prioritairement dévoilées devant le Parlement européen, mais ce que je peux dire à ce stade-ci, c’est que, tout comme pour ma collègue néerlandaise, le sida sera certainement l’une des priorités de la présidence luxembourgeoise.