Questionnaire de l’ONG “Les Amis du Tibet”

L’ONG “Les Amis du Tibet” a posé 5 questions au CSV
Questions-réponses sur le Tibet

1) Quel est le jugement général que vous portez sur le Tibet, sa situation actuelle, son avenir ? Êtes-vous d’accord pour dire que le Tibet est un pays occupé depuis l’invasion chinoise en 1949 ?

Le CSV est conscient de la situation du Tibet. Le CSV estime que l’évolution du Tibet a été positive à maints égards au cours des dernières décennies. Le Tibet a connu une évolution correspondant à un processus de développement économique, social, scolaire et linguistique. En bref, le Tibet est entré dans le monde moderne comme province à statut spécial de la Chine. Que cette évolution n’a pas été que positive, l’on s’en accorde facilement : une politique de « sinisation » forcée du Tibet a été menée par la République populaire de Chine depuis ses premières années d’existence.

Il faut également condamner les sévices qui ont été perpétrés si souvent contre les monastères bouddhistes, ainsi que la politique d’assimilation forcée de la population tibétaine qui a été longuement menée, assez fréquemment moyennant intervention de l’armée chinoise. De nos jours pourtant, l’ère des sévices semble révolue.

Le Tibet n’a cependant jamais été un Etat internationalement reconnu après le Moyen Age. Dès lors, il était depuis des siècles une région de l’empire chinois quand il fut intégré dans la République et ensuite la République populaire de Chine. Déjà au temps de la République de Chine, la souveraineté de celle-ci sur le Tibet était internationalement acceptée. Le Tibet n’est pas un pays occupé, mais fait partie de la Chine.

2) Approuvez-vous la ‘voie médiane’ prônée par le Dalaï-Lama et qui consiste à trouver une solution négociée avec la Chine en vue d’un statut d’autonomie du Tibet au sein de la fédération chinoise ? Comment appréciez-vous dans ce contexte le rôle joué par le Dalaï-Lama, son ouverture au dialogue avec la Chine, sa méthode de non violence ?

Le Tibet dispose d’une certaine autonomie au sein de la Chine. L’évolution de son statut dépendra à cet égard de l’évolution constitutionnelle de la Chine. La méthode de non violence du Dalaï lama – qui est la seule pouvant paraître acceptable à un dirigeant spirituel bouddhiste – contribue certainement au maintien de la sérénité nécessaire au développement futur du Tibet.

Or, le Tibet ne peut guère prétendre à des négociations d’égal à égal avec la Chine quant à son statut : le Tibet fait partie de la Chine, et le gouvernement régional du Tibet n’est pas le « gouvernement en exil » du Dalaï-Lama qui réside à Dharamsala.

3) Le ‘dialogue critique’ pratiqué depuis des années par l’UE vis-à-vis des autorités chinoises n’a guère contribué à améliorer la situation au Tibet. La situation des droits de l’Homme y reste préoccupante, les libertés politiques, culturelles et religieuses bafouées. Êtes-vous d’avis que l’UE devrait s’impliquer davantage, adopter une attitude plus ferme à l’égard de la Chine ? Ou que pourrait/devrait-elle faire, autrement ? Êtes-vous en faveur de la nomination au niveau de l’UE, à l’image d’autres coordinateurs spéciaux existants, d’un coordinateur spécial pour le Tibet ?

Nous ne voyons aucune raison de nommer un « coordinateur » spécial pour le Tibet, étant donné que le Tibet est une affaire intérieure de la Chine dans laquelle l’UE n’a pas à s’immiscer. Bien entendu, le respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales constitue une dimension importante de la politique extérieure de l’Union européenne et fait partie du dialogue constant et approfondi avec la Chine. La situation des droits de l’Homme au Tibet est dès lors abordée régulièrement dans le contexte des pourparlers avec la Chine, que ce soit entre l’UE et la Chine ou au niveau bilatéral entre des Etats membres individuels et la Chine. Nous considérons que cette politique est la bonne et mérite d’être continuée.

4 + 5) Le Dalaï-Lama a accepté l’invitation de Les Amis du Tibet, Luxembourg de visiter le Luxembourg en juin 2005. Êtes-vous d’avis qu’à cette occasion, le Dalaï-Lama doit être reçu par les plus hautes autorités politiques du pays ?

Si un membre de votre parti est nommé Premier Ministre ou Ministre des Affaires Etrangères à la suite des élections législatives du 13 juin 2004, sera-t-il disposé à rencontrer le Dalaï-Lama lors de sa visite à Luxembourg en 2005?

Notre parti poursuivra, au-delà du 13 juin de cette année, sa politique actuelle vis-à-vis de la Chine et du Tibet. Le Dalaï-Lama est un dirigeant spirituel et ne peut pas être considéré comme un dirigeant politique du Tibet actuel. Dès lors, aucun membre de notre parti qui serait Premier Ministre ou Ministre des Affaires étrangères en 2005 ne pourra recevoir officiellement le Dalaï-Lama en tant que dirigeant politique. La visite du Dalaï-Lama est d’ailleurs une visite d’ordre privé. Ceci dit, il sera certainement reçu par des personnalités importantes.