«Créer un ministère à l’immigration»

Trois questions au député Marcel Glesener, qui répond au journal «Le Quotidien»; à l’issue du «hearing» public, le président de la commission immigration a accepté de faire le point.

Le Quotidien: La crainte clé voir la population atteindre rapidement 700000 habitants s’est apaisée avec le ralentissement de la croissance. Votre commission a t elle encore sa raison d’être?

Marcel Glesener: Le débat des 700 000 habitants n’a pas été l’unique raison qui a incité le Parlement à mettre en place cette commission. Malgré le ralentissement de la croissance économique, le Grand-duché restera un pays d’immigration. Le pays a besoin de main-d’œuvre étrangère, il a aussi besoin d’une croissance démographique certaine s’il veut garder son influence au sein de l’Europe.

Au-delà des «besoins» du pays à recourir à l’immigration, nous n’avons, par ailleurs, pas le droit de négliger les aspects humanitaires qui sont à la base de certains flux migratoires.

Par rapport à notre mission initiale, il nous faut désormais aussi tenir compte de la montée du chômage. Ce facteur risque d’influencer, dans une mauvaise direction, le débat public sur l’immigration. Il nous revient, aux politiciens, une terrible responsabilité! À nous de trouver le bon langage, d’éviter toute dérive en direction du racisme et de la xénophobie.

Le Quotidien: Le droit de séjour, les autorisations de travail sont réglés actuellement par une loi datée du 28 mars 1972. Estelle encore d’actualité?

Marcel Glesener: La loi sur l’entrée et le séjour des étrangers doit être réformée, c’est certain et on le sait. Elle doit être complétée afin de tenir compte du facteur humanitaire.

II me semble urgent par ailleurs de créer au Luxembourg – qui faut-il le rappeler compte 37% de citoyens étrangers – des structures administratives adéquates pour organiser et accompagner l’accueil des migrants. Le gouvernement doit être complété par la création d’un ministère à l’Immigration, ou pour le moins d’un secrétariat d’Etat.

Le Quotidien: Peut-en s’attendre à des retombées concrètes du travail fourni par votre commission?

Marcel Glesener: En ce qui concerne la mission assignée à la commission, il est temps maintenant de rédiger le rapport définitif. Il nous faut pour le compléter récolter et actualiser certains chiffres concernant les relations entre l’immigration et le marché du travail.

Nous devons préparer le débat d’orientation au Parlement. je souhaite que celui-ci puisse se dérouler avant les vacances d’été. j’ai promis aux forces vives de la nation, lors du «hearing», que la commission allait soumettre des propositions concrètes au gouvernement. Ira-t-on vers des positions maximalistes ou la Commission va-t-elle se rallier à un compromis sur le plus petit dénominateur commun? il est trop tôt pour se prononcer.

(Interview publié au journal «Le Quotidien», le 8 avril 2003)