«S’il faut parler des partis d’extrêmedroite, il ne faut cependant pas parler avec les partis d’extrême droite» La France a retenu son souffle le dimanche 5 mai 2002 jusqu’à 20 heures. Résultat des courses: Le Pen à 17,5%. Un grand “ouf” de soulagement a traversé le pays. Le genre de commentaire que l’on a communément entendu par après consistait à dire qu’on l’avait échappé belle, que les forces démocratiques s’étaient imposées, que la France pouvait être fière d’elle-même, etc. Et pourtant, les 17,5% en question doivent nous interpeller plus que jamais et il faut rester extrêmement vigilant. Oui, je m’inquiète très sérieusement de ces 17,5%. Pour mémoire Pour mémoire, la naissance du phénomène Le Pen remonte au début des années 1980, donc à il y a pratiquement vingt ans, lorsqu’à l’époque le Front National est entré à l’Assemblée Nationale. Le phénomène s’est développé sournoisement, mais sûrement. Dans un premier temps, les électeurs de Le Pen se sont encore cachés de leur vote, il n’en est plus ainsi aujourd’hui et si il y a deux à trois ans les intentions de vote “Le Pen” étaient tombées à des pourcentages insignifiants, ce n’était pas parce que la politique avait trouvé le remède contre la montée des extrêmes, mais parce que Le Pen s’était disputé aves son lieutnant Megret on connaît la suite. Comment dès lors appréhender les votes extrêmes et en particulier ceux d’extrême droite? Il s’agit là assurément d’une question difficile. Il y a d’abord la forme. Faut-il parler avec les partis d’extrême-droite? Faut-il parler et dialoguer avec les partis d’extrême droite? Cette question a trait à la forme de l’approche à l’égard de l’extrême droite. Pour ma part, je pense que s’il faut assurément parler des partis d’extrême droite, il ne faut cependant pas parler avec eux. Parler des partis d’extrême droite permet de contrecarrer et démonter les idées qu’ils véhiculent. Parler avec les partis d’extrême droite par contre ne mène nulle part: il n’est en effet guère réaliste d’avoir la prétention de tenter de contrecarrer par le dialogue des idées extrêmes, fatalement populistes et forcément simplistes. Une politique pour le citoyen Il y a ensuite et surtout le fond. Le premier objectif de la politique à cet égard doit être celui d’offrir des perspectives d’avenir aux citoyens. D’un point de vue social, par exemple. A moyen et long terme aussi. Il faut s’attaquer aux problémes, lorsqu’ils sont encore petits ou mineurs et non pas attendre que des pans entiers de la société se sentent (à tort ou à raison, peu importe) exclus du progrés, voire de la société-même. Plus la distance entre la politique et les citoyens est grande, plus cet execice va s’avérer périlleux et hasardeux. D’où l’impérieuse nécessité d’une politique proche du citoyen, d’une politique pour le citoyen. La vigilance est certes nécessaire et impérieuse, mais plus importantes encore sont la dénonciation et la condamnation permanentes des idées véhiculées par l’extrême droite.
Jean-Louis Schiltz
Secrétaire Général