MOTION
Concernant la crise humanitaire en République du Yémen
La Chambre des Députés,
- Rappelant que le 25 mars 2015, une coalition régionale menée par le Royaume d’Arabie Saoudite a lancé des frappes aériennes contre le mouvement houthiste en République du Yémen, déclenchant ainsi un conflit armé de plus en plus meurtrier ;
- Constatant que le précité conflit armé s’est développé aujourd’hui, notamment en raison du blocus imposé par la coalition dirigée par Ryad, en une crise politique et humanitaire majeure, la population civile étant piégée entre les deux parties belligérantes ;
- S’inquiétant surtout du fait que ladite crise humanitaire risque de s’étendre en une des plus graves famines de ces dernières années avec, selon l’ONU, des millions de victimes potentielles, même si le blocus commence très lentement à se fissurer sous la pression internationale (atterrissage de seulement quatre avions de l’UNHCR, de la Croix-Rouge et de l’Unicef le samedi 25 novembre 2017);
- Condamnant avec fermeté tous les crimes de guerre commis depuis mars 2015 au Yémen et soulevés entre autres par « Amnesty International » et par d’autres ONG humanitaires ;
- Rappelant que la précitée crise constitue de fait une guerre par États interposés entre l’Arabie Saoudite sunnite et l’Iran chiite sur fond d’une escalade diplomatique de plus en plus tendue ;
- Rappelant que la crise du Yémen est à mettre dans le contexte d’une nouvelle stratégie géopolitique de confrontation de l’Arabie Saoudite, pratiquée depuis l’arrivée au pouvoir du Roi Salman en janvier 2015, pour endiguer l’influence de l’Iran au Moyen-Orient ;
- Rappelant que le Luxembourg a déjà accordé une aide humanitaire pour 2017 à hauteur de 1.800.000 d’euros lors d’une conférence internationale des donateurs à Genève en avril 2017;
Invite le Gouvernement :
- A intensifier d’urgence l’aide humanitaire du Luxembourg à la population civile du Yémen ;
- À s’engager tout autant politiquement et diplomatiquement pour trouver une solution rapide et durable au désastre humanitaire et à la famine annoncée par l’ONU ;
- À intervenir auprès du Conseil et de la Commission Européenne afin de trouver des solutions politiques et diplomatiques au violent conflit armé et au blocus instauré par Ryad, évitant ainsi l’effondrement du Yémen et permettant l’accès de la population civile à l’eau, à la nourriture, aux médicaments et à l’aide humanitaire ;
- À s’engager pour mettre la crise du Yémen à nouveau à l’ordre du jour du Conseil de Sécurité des Nations Unies afin d’augmenter la pression internationale tout en désamorçant les tensions entre Ryad et Téhéran et en proposant des solutions englobant toutes les parties de cette « guerre oubliée » (AI).