Le ministre du développement durable et des infrastructures, Claude Wiseler, revient sur le bilan provisoire alarmant de la mortalité en 2009 et défend ses mesures de lutte contre l’insécurité routière.
Le Quotidien, 8 janvier 2010, Camille Leroux
Le Quotidien: Après huit ans de baisse quasi constante, le nombre de tués a augmenté en 2009 sur nos routes. Comment peut-on expliquer ce phénomène?
Claude Wiseler: II n’y a aucune explication unique, car il n’y a rien de logique dans de tels chiffres. D’ailleurs, la France est confrontée au même problème de recrudescence de la mortalité routière. Je considère qu’au regard de ces chiffres, toutes les mesures sur lesquelles nous travaillons deviennent encore plus importantes.
Le Quotidien: Le programme gouvernemental prévoit la mise en place d’une base de données centralisée, réclamée d’ailleurs par la Sécurité routière pour une meilleure analyse des accidents. Où en êtes-vous?
Claude Wiseler: Comme plusieurs administrations sont concernées par les accidents de la route et élaborent leurs propres relevés, je veux d’abord faire un tour de table de ces administrations pour voir comment regrouper leurs données. La deuxième étape concerne l’Administration des enquêtes techniques nouvellement créée : comment mettre en place l’effectif nécessaire et jusqu’à quel point élargir sa mission (pour l’instant, l’aviation et le chemin de fer)? Il nous faut compléter les descriptions des accidents pour analyser leurs circonstances. Je n’ai pas de date précise à vous donner, mais le chemin est relativement clair.
Le Quotidien: Votre programme évoque une mesure souvent citée, mais jamais appliquée : l’installation de radars automatiques. Y réfléchissez-vous encore?
Claude Wiseler: On ne réfléchit pas! La décision est déjà prise. Mais il faut une préparation législative, notamment pour la protection des données personnelles – un travail qui devrait couvrir 2010. Ensuite, il faudra organiser la gestion des données et des clichés. Les premiers radars apparaîtront donc en 2011 dans le meilleur des cas et au pire en 2012. Grâce à eux, nous pourrons parvenir à un ralentissement quasiment automatique sur certains tronçons considérés comme des points noirs. J’ajoute que les rentrées financières ne m’intéressent pas. Et puis, il n’y a pas que le répressif: nous faisons également un grand travail sur les infrastructures. Nous venons de terminer l’audit de sécurité sur la N 7 (vers le Nord) et celui sur la N11 (vers Echternach) est en cours. Nous étudions la mise en place de ronds-points, de bretelles, de nouvelles signalisations ou encore l’aménagement de la courbe de la route par endroits. Nous avons par exemple retravaillé un carrefour dangereux d’Echternach sur la N11.
Le Quotidien: Quels seront les thèmes des prochaines campagnes de sensibilisation à la sécurité routière ?
Claude Wiseler: Ce qui m’a interloqué, c’est le grand nombre de piétons et de cyclistes parmi les tués sur la route en 2009. Treize sur 47, c’est un chiffre terrible! J’en conclus que les campagnes de 2010-2011 devront porter l’attention sur le respect de ces usagers. Et toujours sur la vitesse et l’alcool.
Le Quotidien: La Sécurité routière propose plusieurs mesures, comme la perte de points en cas de communication téléphonique au volant ou la révision des prix des taxis. Qu’en pensez-vous?
Claude Wiseler: Toutes ces idées sont intéressantes. Je ne dis pas non, mais je me permets de les analyser. Notamment par rapport au prix des taxis, sur lequel je travaille actuellement avec le ministre de l’Économie. En tout cas, ces chiffres terribles nous mettent devant l’obligation de réaliser ce que nous avons prévu dans des délais les plus brefs possibles.
Source: Le Quotidien, 8 janvier 2010, Camille Leroux