Éviter l’exclusion

Pour Marie-Josée Jacobs, ministre de la Famille et de l’lntégration, l’épicerie sociale développe un modèle intéressant dans la mesure où il permet un suivi du bénéficiaire. D’autres structures pourraient voir le jour dans le pays après une phase d’évaluation.

Le Quotidien: Comment le gouvernement se positionne-t-il par rapport à l’épicerie sociale, un modèle pionnier dans le pays?

Marie-Josée Jacobs: Avec l’ouverture des deux épiceries à Esch-sur-Alzette et à Differdange, l’une étant gérée par Caritas, l’autre par la Croix-Rouge, nous avons là deux structures qui répondent au même concept. C’est important, car nous voulions éviter ainsi l’apparition d’un tourisme social avec des prix plus attractifs d’un côté ou de l’autre dans le cas où chacun aurait créé un concept différent. Le gouvernement soutien bien entendu ce modèle et son unité. D’autres idées ont cours. Avec l’association Cent Buttek, la capitale a une approche un peu différente. Grâce au travail des différents bénévoles, ces deux épiceries sociales sont en mesure de proposer un choix très important de produits. On y trouve notamment des produits d’entretien et d’hygiène. Tous les produits proviennent des supermarchés et sont redistribués de façon égalitaire entre les deux épiceries.

Le Quotidien: Comment le gouvernement compte-t-il soutenir ce modèle?

Marie-Josée Jacobs: De plusieurs manières. Actuellement, le gouvernement apporte déjà son aide en payant un salarié qui s’occupe de la redistribution des produits au niveau de la centrale de distribution de la Croix-Rouge. Nous avons encore la possibilité de soutenir financièrement les bénéficiaires.

Le Quotidien: Comment se fait-il que le modèle n’ait pas fait son apparition auparavant dans le pays?

Marie-Josée Jacobs: Il est vrai que le concept de l’épicerie sociale existe depuis longtemps à l’étranger, en France notamment. Peut-être que c’était moins nécessaire ou qu’on y pensait moins. La création du RMG a sans doute permis à de nombreuses personnes de subvenir à l’essentiel de leurs besoins. Nous constatons par ailleurs qu’un certain nombre de personnes traversent des situations difficiles mais provisoires. Le concept d’épicerie sociale s’adresse plus particulièrement à ce public. L’agence immobilière sociale s’inscrit dans le même ordre d’idée. Les associations du domaine social remplissent le rôle d’intermédiaires entre les propriétaires et les locataires. Il est vrai qu’avant l’apparition des épiceries sociales, nous avions la banque alimentaire mais qui se limitait surtout aux produits d’épicerie. Avec ce nouveau modèle, les bénéficiaires peuvent avoir accès à des produits frais. C’est une façon d’encourager les bénéficiaires à mener une vie saine en leur donnant des conseils pour bien se nourrir.

Le Quotidien: Est-ce que le modèle sera appelé à se développer rapidement?

Marie-Josée Jacobs: C’est très difficile à dire pour le moment, car nous venons à peine de commencer. Une évaluation sera faite dans six mois afin d’analyser le degré de profitabilité pour le bénéficiaire. Il s’agira aussi de savoir quels sont les produits qui ont été les plus achetés. Ce qui est sûr c’est que ce projet représente un élément important pour éviter l’exclusion. 

Source: Le Quotidien, 8, décembre 2009, Bruno Muller