Dans le cadre du débat de politique générale de la 35e session de la conférence générale de l’Unesco (6-23 octobre 2009), Octavie Modert, ministre de la Culture, a prononcé le 7 octobre 2009 un discours sur les problèmes et les orientations futures de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture.
Service Information et Presse / www.gouvernement.lu
Évoquant les grands défis de l’Unesco au XXIe siècle, Octavie Modert a insisté sur la nécessité de renforcer la visibilité de l’organisation, notamment à travers les programmes du patrimoine mondial, son rôle comme instance éthique et intellectuelle au sein des Nations unies, sa fonction de guide et d’arbitre dans les grands débats de notre époque.
La ministre Modert a par ailleurs insisté sur l’urgence pour l’organisation de réexaminer son propre mode de fonctionnement, ankylosé par trop de discours et trop peu de débats thématiques, un langage trop codé et des procédures formalistes.
Elle a également relevé les contributions importantes de la commission nationale luxembourgeoise pour la coopération avec l’Unesco et de la délégation permanente du Luxembourg auprès de l’Unesco, notamment au sein du conseil exécutif.
DISCOURS DE LA MINISTRE DE LA CULTURE
Octavie Modert, Discours à l’occasion de la conférence générale de l’Unesco à Paris le 7 octobre 2009.
Monsieur le Président de la Conférence générale,
Monsieur le Président du Conseil exécutif,
Monsieur le Directeur général,
Eminences,
Honorables délégués,
Mesdames et Messieurs,
Comme les orateurs qui m’ont précédée, je tiens à vous féliciter, Monsieur le président, de votre brillante élection.
Je m’empresse également, Monsieur le directeur général, de vous féliciter de la manière dévouée, toujours inspirée par l’esprit d’harmonie du "WHA" japonais – dont vous avez accompli vos deux mandats.
Je me rappelle avec grand plaisir votre visite officielle au Luxembourg en 2005, qui a grandement honoré notre pays. A cette occasion, vous avez tenu à rencontrer e.a. notre Commission nationale, témoignant ainsi de votre attachement de principe à cette instance, qui assure les liens avec les Etats parties et la société civile ; et il ne faut pas sous-estimer l’importance de ces contacts.
L’élection d’un Directeur Général constitue toujours un moment-clé pour notre Organisation, où nous devons tous ensemble réfléchir sur les grands défis de l’Unesco au XXIe siècle. Les défis ne manquent pas :
L’Unesco souffre d’un déficit de visibilité et d’un manque de poids et d’influence. Elle devrait s’inspirer d’un de ses grands succès et redorer son image à travers les splendeurs du patrimoine mondial : qui ne connaît pas les labels de l’UNESCO, qui rencontrent un succès incontestable et un large engouement pour poser de nouvelles candidatures – voire des tentatives d’imitation ? Mesdames et Messieurs, Qui dit patrimoine mondial dit également patrimoine immatériel, qui lui aussi connaît un succès inespéré et auquel le Luxembourg aimerait apporter sa contribution avec la légendaire procession dansante d’Echternach. La visibilité de ses labels devrait pouvoir se répercuter positivement sur l’Unesco.
L’Unesco devra repenser son rôle d’instance éthique et intellectuelle au sein des Nations Unies. Redevenir cette agora où jadis Freud et Einstein échangeaient leurs réflexions sur l’origine de la guerre dans le "courrier de l’Unesco", où Sartre faisait une conférence retentissante sur la responsabilité de l’Unesco dans le monde déchiré par la guerre ; où Jeanne Hersch incarnait ici la philosophie, discipline transversale qui devrait retrouver son poids et son prestige dans cette Maison de tous les savoirs, un peu méconnue aujourd’hui.
Un rayonnement accru permettrait à l’Unesco de réaffirmer son rôle au sein de l’ONU. L’Unesco devrait également réfléchir à resserrer ses liens avec les autres grandes organisations internationales basées à Paris, comme l’OCDE ou la Francophonie.
Car, Monsieur le Président, l’éducation et la culture, l’enseignement et les valeurs, sont et seront parmi les moyens-clé pour sortir de la crise mondiale actuelle autant que pour contribuer au progrès social et au désenclavement des populations et pays les plus démunis. Nous y retrouvons les intérêts que nous partageons avec les organisations voisines à Paris notamment : le développement, la société de la connaissance, l’accès à l’information, et la culture à leur service et à celui de l’égalité entre tous.
Désenclavons donc l’Unesco et participons aux grands débats : à condition toutefois de réexaminer notre propre mode de fonctionnement, ankylosé par trop de discours et pas assez de débats thématiques, par un langage parfois codé, un formalisme parfois stérile. Nous en appelons donc à une nouvelle culture du dialogue et de la discussion, mais aussi à une culture du résultat :
En un mot, l’UNESCO doit mener une réflexion stratégique sur la place qu’elle compte occuper dans notre XXIe siècle.
Tâche ambitieuse et noble, que la Directrice Générale désignée a condensé au Conseil exécutif dans cette formule inclusive: "un nouvel humanisme pour le XXIe siècle". Je suis convaincue que nous saurons, dans l’esprit des mères et pères fondateurs, donner des impulsions pour redonner à l’Unesco son influence et son prestige intellectuel et éthique.
Monsieur le Président,
Le Luxembourg vient de siéger pendant quatre années au Conseil exécutif, pour la première fois de son histoire, avec beaucoup de fierté et d’engagement. Nous avons notamment pu œuvrer à ce titre, en 2005, lors de la présidence luxembourgeoise de l’UE, en faveur de l’adoption de la "convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles".
Mesdames et Messieurs,
Nous continuerons toujours d’être un partenaire actif et fidèle de notre organisation, l’UNESCO.
Source: Service Information et Presse, www.gouvernement.lu