La ministre Marie-Josée Jacobs au sujet de l’économie solidaire
Eric Lavillunière: Dans l’accord de coalition, le gouvernement prévoyait d’agir pour la reconnaissance de l’économie solidaire comme 3e pilier économique. Quel est le bilan de la législature sur cette question?
Marie-Josée Jacobs: Tout d’abord il faut souligner que c’était la première fois qu’au Luxembourg une coalition gouvernementale retenait l’économie solidaire comme une priorité. Nous voulions nous appuyer sur les propositions d’une plateforme des acteurs mais malheureusement ceux-ci n’ont pu surmonter leurs divergences et abandonnèrent ce projet. Par contre lors du Forum international de "Globalisation de la solidarité", qui s’est déroulé à Schifflange en avril dernier, il était très réconfortant de voir que tout le monde a participé et qu’on a pu monter une image positive de notre pays. Par ailleurs mon collègue au ministère de l’Emploi, François Biltgen, a fait passer une loi sur le rétablissement du plein emploi qui donne un cadre pour que toutes les organisations, y compris les entreprises privées, puissent apporter leur contribution pour insérer les personnes qui ont du mal à trouver un emploi. Il a aussi aidé un projet pour réfléchir à un statut adapté pour les organisations d’économie solidaire (association d’intérêt collectif). Donc je crois qu’on peut dire que l’économie solidaire a pris une dimension qui n’existait pas avant et qu’elle est devenue un acteur incontournable du paysage luxembourgeois.
Eric Lavillunière: Aurait-on selon vous pu faire plus et si oui quels ont été les freins au plein développement d’une telle politique?
Marie-Josée Jacobs: Je crois qu’on peut faire de plus grands efforts pour obtenir l’adhésion de la population. L’économie solidaire s’est professionnalisée et tout le monde lui reconnaît son rôle d’intégration en faveur des personnes les plus éloignées de l’emploi. On peut regretter que les acteurs n’aient pu se mettre d’accord pour fonctionner ensemble car le gouvernement aurait alors certainement pu faire plus pour le secteur.
Eric Lavillunière: Je m’adresse maintenant à la candidate politique: que proposez-vous avec votre parti pour développer l’économie solidaire?
Marie-Josée Jacobs: Nous maintenons notre cap de prendre en considération l’économie solidaire comme 3e pilier de l’économie. Dans notre programme nous rappelons que pour nous l’économie solidaire est un secteur porteur d’innovations sociales et qui rend des services écologiques. Nous comptons sur elle dans ce qu’elle apporte pour le plein emploi et nous sommes vigilants pour qu’elle agisse sans faire de concurrence déloyale aux entreprises classiques qui ne peuvent remplir tous ces rôles sociaux. Il y a par ailleurs un projet qui me tient particulièrement à cœur: c’est que nous généralisons le système des chèques-service en les étendant à différents secteurs (petits travaux d’intérêt général divers). Dans les années à venir l’économie solidaire prendra de plus en plus d’importance!
Source: Tageblatt, 3 juin 2009, Eric Lavillunière