Respecter l’égalité des langues

Le luxembourgeois figurera dans la Constitution, sans pour autant supplanter ni le français ni l’allemand. La question de l’intégration de la langue luxembourgeoise a longuement occupé les députés avant qu’un compromis n’ait finalement été trouvé. Explications de Paul-Henri Meyers

"La langue luxembourgeoise n’a jamais été intégrée dans la Constitution. La question s’était déjà posée en 1945. A l’époque il y eut une discussion sur le sujet. Mais finalement elle n’a pas été intégrée et la décision fut prise que cette question de langue serait réglée par une loi. La constitution a été modifiée après la guerre en 1948, mais la loi n’a suivi qu’en 1984 et a donné aux trois langues, allemand, français et luxembourgeois le statut de langue administrative."

"Aujourd’hui il y a plusieurs propositions de loi pour écrire dans la Constitution: la langue nationale des Luxembourgeois est le luxembourgeois. Mais nous n’avons pas gardé cette formulation, car si on dit la langue nationale des Luxembourgeois, qu’en est-il des 40 % d’étrangers qui vivent ici? N’est-elle pas leur langue? La langue nationale des Luxembourgeois est le Luxembourgeois, c’est peut-être vrai, mais on ne peut pas mettre cela en tant que règle juridique dans la Constitution. Sinon on donne à la langue luxembourgeoise une priorité qu’elle n’a pas dans la loi de 1984. C’est pourquoi nous avons préféré une disposition qui prévoit que les trois langues soient reconnues comme langues officielles, comme c’est le cas dans la loi qui garde alors sa validité. Actuellement la Constitution prévoit que: «la loi règle l’emploi des langues en matières administrative et judiciaire». 

"Nous allons maintenir ce texte et rajouter une phrase dans laquelle nous dirons que l’Etat est obligé de promouvoir la langue luxembourgeoise. Ce n’est pas une règle juridique, mais plutôt un compromis. Nous soulignons ainsi que nous voulons soutenir la promotion du luxembourgeois. Ce texte n’impose rien, mais donne à l’Etat une obligation de moyen. C’est une manière d’intégrer le luxembourgeois dans la Constitution, sans lui donner une priorité par rapport aux autres langues. Après quelques réticences, tous les partis, excepté l’ADR, ont donné leur accord.» 

A noter que le drapeau luxembourgeois ne figurera pas dans la Constitution. «Jusqu’à présent, personne ne l’a réclamé», souligne Paul-Henri Meyers.

Source: La Voix du Luxembourg, 19 septembre 2008, Nicolas Anen