Pour la ministre à l’Egalité des chances, Marie-Josée Jacobs, il ne fait aucun doute que les hommes se doivent aujourd’hui de participer à la promotion de l’égalité entre les sexes.
Patrick Théry: Quelle importance attachez-vous à cette conférence internationale qui se déroule au Luxembourg?
Marie-Josée Jacobs: C’est un projet organisé avec le soutien de la Commission européenne dans le cadre du programme relatif à la stratégie-cadre communautaire en matière d’égalité entre les femmes et les hommes. L’année 2006 était d’ailleurs une année prioritaire au niveau du rôle des hommes dans cette promotion de l’égalité.
Il est toujours important d’avoir d’autres partenaires dans ce type de projet afin d’échanger les bonnes pratiques. Cette conférence nous permettra aussi de sensibiliser les différents acteurs à la question. Nous voulons rendre les hommes autant que les femmes attentifs au fait qu’il existe des solutions pour les uns et pour les autres.
Patrick Théry: Pourquoi avoir spécialement ciblé l’Irlande et la Slovaquie comme pays partenaires de cette initiative?
Marie-Josée Jacobs: Lorsque le projet luxembourgeois a été déposé à Bruxelles, l’Irlande et la Slovaquie se sont tout de suite proposées pour nous épauler. C’est d’autant plus gratifiant que l’Irlande est un pays avec une politique avant-gardiste sur l’égalité hommes-femmes.
Par exemple, c’est un pays qui fait beaucoup pour le gender budgeting, c’est-à-dire que leur budget est en grande partie réalisé en tenant compte des intérêts des hommes et des femmes.
Des hommes de plus en plus concernés
Patrick Théry: Pourquoi avoir attendu si longtemps avant d’impliquer les hommes dans la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes?
Marie-Josée Jacobs: Heureusement, nous n’avons pas attendu aussi longtemps. Depuis 1998 avec l’initiative Liewensufank les hommes sont de plus en plus concernés par les différentes études que nous réalisons, notamment au niveau du congé parental.
Patrick Théry: Peut-on parler d’une prise de conscience de la part des hommes dans leur rôle de père, ces dernières années?
Marie-Josée Jacobs: Beaucoup plus de pères sont impliqués dans leur rôle de père, ces dernières années. Pour ne prendre qu’un exemple, en septembre 2006, 3 266 personnes ont profité du congé parental au Luxembourg dont 776 hommes et 2 490 femmes, soit 23,75 % des hommes.
Patrick Théry: Pourquoi les hommes ne sont-ils pas plus nombreux au Luxembourg à profiter du congé parental? Des solutions existent-elles pour qu’ils en profitent davantage?
Marie-Josée Jacobs: 24% des hommes profitant du congé parental, c’est un chiffre remarquable! Il s’explique aussi par les conditions que l’État offre à ceux qui en profitent et notamment au niveau de la durée de rémunération. Mais je crois qu’il ne s’agit aujourd’hui guère plus que d’une question de l’évolution des mentalités pour faire croître davantage ce chiffre.
C’est aussi là que la conférence que nous organisons revêt toute son importance car elle permet de donner des illustrations concrètes d’hommes ayant profité du congé parental et qui sont très satisfaits du système. Ils sont d’ailleurs nombreux à préférer le congé parental à mi-temps afin de ne pas perdre pied dans leur entreprise.
Réforme du divorce
Patrick Théry: Selon vous, la réforme du divorce va-t-elle vers davantage d’équité entre les hommes et les femmes?
Marie-Josée Jacobs: J’espère! Dans la loi existante il y a déjà suffisamment d’inéquité aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Pour l’heure, je ne peux rien dire de plus car le projet de loi est encore en train d’évoluer et la Chambre des députés devrait y apporter encore de nombreux changements.
Patrick Théry: Considérez-vous l’Association des hommes de Luxembourg (AHL) comme un partenaire intéressant dans cette volonté d’impliquer toujours plus les hommes dans la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes?
Marie-Josée Jacobs: Nous avons invité l’AHL à participer à cette conférence. C’est une association comme les autres au Luxembourg et je dois dire que toutes les bonnes volontés pour faire avancer la question de l’égalité entre les femmes et les hommes sont les bienvenues.
Source: Quotidien, 24 octobre 2006, Patrick Théry