«Les Luxembourgeois méritent ce musée»

Aux yeux de Erna Hennicot-Schoepges le Mudam “matérialise l’engagement de chaque citoyen pour le développement du pays ces dernières décennies”
L’ancienne ministre de la Culture et des Travaux publics, Erna Hennicot-Schoepges, a été l’une des plus ferventes chevilles ouvrières du projet de construction du Mudam. Un engagement qui lui a valu des attaques de toutes parts lors de la fameuse affaire des «pierres». Pourtant, elle ne regrette rien.

Wort: Madame Hennicot-Schoepges, quel est votre état d’esprit alors que le Mudam ouvre enfin ses portes? Parvenez-vous à tourner la page après toutes les critiques qui se sont abattues sur vous lors de votre ministère?

Erna Hennicot-Schoepges: Je n’ai pas de rancune, mais il y a une douleur qui reste. J’étais très seule à l’époque pour faire face aux attaques. Mais cela valait la peine et je ne regrette rien.

Le résultat vous semble-t-il à la hauteur de l’énergie qu’il a fallu déployer pour mener à bien ce projet?

Ce musée est un bâtiment exceptionnel, une oeuvre d’art en soi. Il me plaît tant par le sentiment d’éternité, de luminosité qu’il dégage, que par sa dimension symbolique. Sa construction sur les fondations de la fortification de Vauban montre que le Luxembourg a su transformer une place forte en espace de paix. Mais dans le même temps, son implantation au Kirchberg nous rappelle que la culture est encore un chantier qui n’est pas entamé au niveau européen.

Pensez-vous que le public saura apprécier ce musée à sa juste valeur, après toutes les polémiques sur son coût?

Je crois que les Luxembourgeois doivent réaliser qu’ils méritent ce musée. C’est une infrastructure prestigieuse, et d’une certaine manière elle matérialise l’engagement de chaque citoyen pour le développement du pays ces dernières décennies. On peut en être fier. Je sais qu’un public averti viendra. Il faudra convaincre les autres de franchir le pas. Mais je suis confiante. Les Luxembourgeois ne sont pas des gens fermés. Et la directrice du musée saura profiter de cette infrastructure pour ouvrir un plus grand public à l’art contemporain.

Source: Wort, 1 juillet 2006