Créer une réserve de terrains

Pour Michel Wolter, président de la commission parlementaire “Réorganisation territoriale”, il est impérieux de prendre en compte les orientations du IVL en matière d’aménagement de zones d’activités

Dans le cadre du débat sur la diversification de l’économie luxembourgeoise, il est important de connaître les capacités d’implantation d’entreprises dans les zones d’activités du pays.

L’UEL (Union des entreprises luxembourgeoises) et le Syvicol (Syndicat des villes et communes) avaient réalisé une étude sur les zones d’activités communales, régionales et nationales au Grand-Duché.

Il ressort de l’analyse que les capacités disponibles à l’heure actuelle ou dans un proche avenir ne sont pas suffisamment importantes pour satisfaire la demande des entreprises. Celles du secteur de l’artisanat nécessiteraient à elles seules plus de la moitié des surfaces disponibles dans les zones communales.

Si la zone d’activité régionale de Wiltz-Winseler affiche complet, d’autres zones, par exemple à Vianden, à Clervaux, à Echternach,… disposent encore de terrains non occupés.

Selon la commission spéciale «Aménagement du territoire» , la création des zones d’activités, se basant sur une loi de 1973, s’est faite sans cohérence pendant des années. L’IVL (concept intégré du développement spatial et des transports) est chargé de faire le ménage en fixant de nouvelles règles concernant la création de zones d’activités.

Il ne s’agit pas, selon Michel Wolter, de modifier la catégorisation des zones. Mais il faut les rendre «conformes» aux plans sectoriels et à I’IVL Celui-ci prône l’implantation de zones d’activités aux endroits facilement accessibles, notamment aux environs des centres urbains. Au Luxembourg, il en existe trois: la région du Sud, Luxembourg et la Nordstad (Ettelbruck, Diekirch, Bettendorf, Erpeldange, Schieren).

A côté de ces pôles d’attraction, d’autres centres régionaux peuvent accueillir des zones d’activités, comme les chefs-lieux de cantons.

COLLABOREZ!

La commission insiste sur le renforcement de la collaboration entre l’Etat et les communes concernant par exemple l’achat des terrains et l’élaboration des plans d’aménagement généraux. Par ailleurs, ils sont appelés à coopérer pour fixer le «juste prix» lors de l’acquisition d’un terrain. Est-ce le prix avant ou après le reclassement de la parcelle? «Il faut prévoir des reserves de terrains où les entreprises, de toute taille, peuvent s’établir si elles veulent investir au Luxembourg», souligne Michel Wolter.

Mais il s’agit d’éviter la mise en place d’une zone d’activité locale pour chaque village. Le regroupement de plusieurs petites communes pour créer une zone d’activités est censé augmenter leurs performances et en faciliter la gestion.

Comment faut-il distribuer le «produit» généré par la zone d’activités? «L’approche doit être régionale», selon Michel Wolter citant l’exemple de la SES à Betzdorf dont le bénéfice devrait aussi revenir aux communes voisines.

Plus globalement, le député CSV prône la fusion des communes. La région du Nord consent d’énormes efforts pour attirer de nouvelles entreprises. Mais elle continue à se sentir «défavorisée» concernant la création de zones d’activités.

Dans le Nord, le problème en relation avec les zones d’activités est, selon Michel Wolter, l’éparpillement des villes. Un regroupement communal permettrait à la population de la région septentrionale du Luxembourg d’atteindre «la masse critique» lui permettant de rivaliser avec les communes du Sud et du Centre.

Actuellement, le Nord se peuple, mais le chemin vers la compétitivité est encore long.

LEXIQUE

Zone d’activités: espace aménagé (connexions eau, gaz, électricité, canalisation,…) et reclassé en vue d’être commercialisé (vendu ou loué) à des entreprises (secteur marchand) ou à des organismes (secteur non marchand) afin que ceux-ci puissent exercer leur activité économique.
Zone communale: zone aménagée et gérée de manière décentralisée, sous l’autorité d’une seule commune. L’aide de l’Etat à sa création peut s’élever à 15%.
Zone régionale: zone aménagée et gérée par un syndicat intercommunal. Ce dernier regroupe deux ou plusieurs communes d’une région. La contribution maximale de la main publique se chiffre à 85%.
Zone nationale: zone pouvant recueillir de nouvelles activités susceptibles de contribuer à une diversification de l’économie luxembourgeoise. Elles sont souvent réservées aux grands projets industriels. Leur gestion est assurée par la direction de l’lndustrie et de la Technologie du ministère de l’Economie.
Zones privées: un promoteur privé achète le terrain et fait appel à la commune pour y établir une ou plusieurs entreprises.

PLAN DIRECTEUR

L’IVL prévoit une forte corrélation spatio-fonctionnelle entre logements et activités économiques. Il est primordial d’éviter qu’à l’avenir les centres activités ne s’établissent en des endroits inadaptes. Selon le ministre de l’lntérieur, Jean-Marie Halsdorf, il faut suivre une logique intégrative, c’est-à-dire réaliser parallèlement des plans sectoriels «Logement» et «Zones d’activités économiques».

Le programme gouvernemental prévoit que le plan sectoriel «Zones d’activités économiques» sera élaboré à partir d’un inventaire de l’existant, d’une analyse régionalisée et d’une synthèse permettant de déterminer l’offre et les besoins en surfaces par régions. Ce plan proposera une nouvelle nomenclature des zones d’activités et étudiera la localisation éventuelle de nouvelles zones ainsi que !e reclassement de zones existantes en fonction des critères de I’IVL.

CHIFFRES

163 zones communales qui représentent une superficie totale de 1.510 ha dont 1.060 sont utilisés. Une option a été prise sur 24 ha.

83 des 163 zones communales tiennent 426 ha à disposition des entreprises.

27 zones sont en phase de planification, de projet, d’autorisation ou d’aménagement. Elles représentent un potentiel de 236 ha de terrains.

Artisanat: 45 zones (157 ha). • Commerce: 40 zones (150 ha).

Industrie: 21 zones (64 ha). • Services: 42 zones (149 ha). • 80 zones communales ne disposent plus de terrains libres.

16 zones régionales offrent une surface totale de 259 ha. 99 ha sont actuellement non utilisés dont 64 sont en phase de planification.

13 zones nationales disposent d’une surface totale de 727 ha. 246 ha sont actuellement non utilisés dont 90 ha sont seulement en phase de planification.

Source: Le Jeudi, 13 avril 2006, journaliste René Hoffmann