Dans un entretien avec le “Wort”, la secrétaire d’Etat à la Culture, Octavie Modert, prend position par rapport au transfert de compétences au ministère de la Culture
Les réajustements ministériels annoncés par le Premier ministre vendredi dernier ont suscité certains remous dans les milieux culturels. A quelques mois du lancement de Luxembourg 2007, la délégation de compétences du ministre de la culture, François Biltgen, à la secrétaire d’État Octavie Modert, n’est pas toujours perçue comme un signal positif en faveur de la culture. Celle-ci est-elle toujours une préoccupation gouvernementale significative? La secrétaire d’État répond lors d’un entretien avec le «Wort».
Le moins que l’on puisse dire est que le calendrier politique tombe mal pour la secrétaire d’État à la Culture, également en charge de l’agriculture. L’annonce du remaniement ministériel intervient en pleine crise de la grippe aviaire qui requiert actuellement toutes ses énergies. «Il est vrai que mon agenda est surchargé en ce moment», reconnaît Octavie Modert qui n’était pas disponible jusqu’à présent pour réagir à l’annonce de l’attribution de ses nouvelles compétences.
Ses nombreux déplacements à l’étranger (Sibiu, Bruxelles, etc.) ne l’ont pas empêché de noter les réactions dubitatives des milieux culturels après le dernier conseil des ministres. Des interrogations qu’elle ne comprend pas. «Je suis étonnée par certaines reactions. Pour moi, la valeur de l’action ministérielle ne dépend pas du titre que l’on porte. Qui plus est, nos institutions prévoient explicitement qu’un secrétaire d’Etat ayant délégation de compétences a le même niveau de pouvoir et de responsabilités qu’un ministre», indique-t-elle.
Manifestement, ses nouvelles attributions ne lui font pas peur. «Je connais déjà la plupart des dossiers culturels puisque j’étais déjà en charge de la musique, de la littérature ou encore du projet de capitale européenne de la culture. Le fait de rassembler les compétences a le mérite de la clarification», dit-elle.
Priorités maintenues
A entendre les déclarations du Premier ministre sur les priorités nationales et la rigueur budgétaire, la question se pose aussi des moyens alloués à la culture dans les années à venir. Octavie Modert sera-t-elle dans la position de défendre son pré carré? «La culture conserve le niveau de priorité pour la politique gouvernementale qui était le sien lorsqu’elle tombait sous l’autorité d’un ministre. Et pour ce qui concerne les finances, je pense que nous devons être solidaires de l’ensemble de l’effort gouvernemental. Cela dit, pour l’instant, il n’est pas question de lâcher du lest mais il est normal que nous tâchions de contenir la progression des dépenses. J’ajoute qu’avec plus d’un pour cent du budget consacré à la culture, nous n’avons d’ailleurs pas à rougir des comparaisons internationales», commente-t-elle.
Pour les mois à venir, Octavie Modert estime que ses priorités en matière culturelle seront guidées par l’agenda. Un gros effort portera notamment sur la poursuite de la préparation de Luxembourg et grande région, capitale européenne de la culture en 2007. «L’équipe est déjà à pied d’œuvre depuis 2004 et nous allons continuer à la soutenir», dit-elle.
A l’agenda également cette année: l’ouverture du Musée d’art moderne (le ler juillet 2006) et du Musée de la forteresse (aucune date n’est encore fixée précisément). La secrétaire d’État entend par ailleurs poursuivre les efforts de décentralisation culturelle entamés par son ministre de tutelle et contribuer à une meilleure mise en réseau des acteurs et des infrastructures culturelles. Un impératif alors que les infrastructures se sont multipliées et que le risque existe de voir les uns et les autres se concurrencer vainement.
Des relations à approfondir
Malgré ses différentes interventions sur la scène publique depuis son arrivée au gouvernement en juillet 2004, Octavie Modert reste encore peu connue dans les milieux culturels. Un fait qu’elle ne nie pas. «Je sais qu’il est important d’être présent lors des manifestations pour nouer des contacts. Je pense que la nouvelle répartition des compétences me permettra d’être davantage sur le terrain», conclut-elle.
Source: Wort, 23 février 2006, journaliste Marie-Laure Rolland