“La ville doit s’engager dans la construction de logements”

Interview de Laurent Mosar avec le magazine paperjam

paperJam : Si vous deviez expliquer et décrire Luxembourg-ville à un non-Luxembourgeois, voire un non-Européen, que diriez-vous?

Laurent Mosar : Je dirais d’abord que Luxembourg est peut-être, de toutes les capitales européennes, la plus cosmopolite. Ensuite, pour moi, Luxembourg est une ville où il fait encore bon vivre et quelques fois il faut le rappeler à nos résidents. Il s’agit vraiment d’une ville qui offre beaucoup d’avantages, et une panoplie de services tant sur le plan culturel, sportif, que de l’administration communale et qui n’a pas le problème des trajets très longs.

paperJam : Quelle est la stratégie pour le CSV afin d’arriver à déloger le DP à la tête de Luxembourg-ville ?

Laurent Mosar : Je ne conçois pas les élections par rapport à la concurrence. Il faut dire que nous avons, mon parti et le parti démocrate, une longue tradition de collaboration au niveau de la ville de Luxembourg. Bien entendu, je serais ravi si nous pouvions d’abord améliorer notre score de 99, qui était très moyen. Depuis 87, le parti a toujours baissé. Nous partons d’une situation, en 1999, de plus de 39% pour le parti démocratique et à peine 23% pour mon parti.

paperJam : Quel bilan tirez-vous de la politique communale menée à Luxembourg-ville depuis 1999? Quelles ont été les bonnes choses? Les moins bonnes? Les oublis éventuels?

Laurent Mosar : Le collège échevinal a réalisé un excellent bilan. Nous avons investi presque le double du montant engagé par le collège échevinal précédent. Ce collège échevinal est celui qui a investi le plus depuis la 2e guerre mondiale. Nonobstant ces efforts, la ville est toujours dans une situation financière équilibrée. Nous n’avons pas d’emprunts à rembourser et nous gardons encore des réserves pour nos successeurs.

Au niveau des infrastructures scolaires, je crois que nous avons fait énormément. Nous disposons maintenant d’un enseignement précoce, d’un foyer du jour, de foyers de midi,… Nous avons rénové un certain nombre d’écoles, construit de nouveaux établissements scolaires. La jeunesse était une des autres priorités et nous avons fait énormément d’efforts sur tous les plans.

Nous avons également fait beaucoup dans le logement social, si je regarde surtout le projet Sauerwiss. Le collège échevinal a encore œuvré beaucoup dans le domaine de la voirie et dans les infrastructures souterraines. Sur le plan de la circulation, nous avons introduit le parking résidentiel, des zones d’apaisement du trafic, et construit le nouveau parking Monterrey.

Et puis, nous avons également modernisé un certain nombre d’infrastructures: le théâtre, on va bientôt terminer notre immeuble administratif à la rocade, la reconversion en cours de l’ancien ciné-cité, la nouvelle piscine à Bonnevoie qui sera terminée cette année j’espère, ou encore l’agrandissement de la patinoire de Kockelscheuer et la rénovation d’un certain nombre de terrains de football. La ville s’est également modernisée, elle s’est ouverte aux nouvelles technologies, aux nouveaux médias.

paperJam : La ville est au bord de la saturation automobile. Quelle est votre position quant au développement des transports en commun?

Laurent Mosar : Notre transport en commun est déjà très bon puisque nous sommes la seule commune à remplir le fameux model split de 25% mais je plaide tout de même pour que l’on essaye de continuer sur cette voie et d’améliorer ce model split. Le réseau est saturé, ce n’est pas la faute de Luxembourg-ville, car il y a beaucoup de bus qui traversent la ville. Je crois qu’il faudra encore mieux coordonner les différents systèmes de transports collectifs. Par exemple, des bus circulent après 18h00 avec un ou deux passagers. On est en train d’examiner la possibilité, et cela fonctionne déjà bien en France, sur certaines lignes déterminées, de recourir à un système de taxi, après une certaine heure.

paperJam : Que pensez-vous de la façon dont la politique du logement est menée: l’attractivité de Luxembourg-ville est-elle réelle?

Laurent Mosar : Un des grands problèmes en général du pays, mais plus particulièrement de Luxembourg, est que les gens ne trouvent plus de maisons ou de terrains à des prix abordables. Et, c’est la raison pour laquelle je crois que la ville doit encore plus s’engager dans le domaine de la construction de logements, mettre à disposition des citoyens des logements à des prix raisonnables. Ce qui est sûr et certain, c’est que la ville doit se développer. Et le grand défi qui va se poser est que ce développement se fasse à un rythme contrôlé.

paperJam : Quelle sera, selon vous, l’influence du résultat des dernières élections législatives sur les futures élections communales?

Laurent Mosar : Cela influencera très peu les communales. Les gens savent très bien différencier un poste de bourgmestre de celui de Premier ministre. Je pense que l’on aura des résultats très différents selon les différentes communes. Le bilan du collège échevinal et la personnalité des candidats feront la différence.

paperJam : Dans l’hypothèse où vous seriez élu bourgmestre en octobre, quelles seraient vos premières initiatives? Quelles seraient vos priorités, exemples concrets à l’appui?

Laurent Mosar : Les priorités les plus importantes pour moi concernent le volet social. Je regrette un peu que toutes les activités en relation avec ce volet ne soient pas regroupées dans un grand service de la ville. Je pense qu’il est important que le prochain collège échevinal institue ce grand service puisque nous sommes de plus en plus confrontés à des problèmes sociaux: les sans-abri, les drogués.

Le volet social comporte également le logement. Nous allons proposer que la ville investisse plus dans la réalisation de projets immobiliers à des prix raisonnables. Une autre priorité, c’est le développement de la ville et là, nous avons déjà fait beaucoup de travaux.

Ce qui est également fondamental, c’est que nous continuions notre politique en matière d’enseignement. Ensuite, il y a un autre problème qui me tracasse beaucoup, c’est la sécurité. Je dirais que c’est plutôt un problème subjectif mais il faut tout de même prendre très au sérieux ce sentiment d’insécurité. Il y a quelques quartiers à problèmes et nous, autorités étatiques, devons intervenir.

Deuxièmement, il faudrait plus de présence policière sur le terrain et dans les endroits critiques. Il faudra, également, mettre à disposition des gens qui se droguent, des demandeurs d’asile ou des sans-abri, des structures pour qu’ils ne soient plus obligés d’occuper la voie publique et de s’adonner à leurs activités.

Je n’exclue pas non plus, et on l’a déjà décidé dans une motion au sein du conseil communal, que dans certains endroits vraiment sensibles et ponctuels où on a des grands problèmes, on instaure, dans le respect de toutes les législations, une télésurveillance parce qu’elle peut être dissuasive.

Une des priorités qui me tient le plus à cœur, c’est la revitalisation de notre centre-ville, y compris le centre-gare. Après 18h, c’est une ville morte. On va désigner prochainement un city manager, c’est un premier pas très important dans la direction d’une revitalisation du centre-ville mais cette mesure elle-même ne sera pas satisfaisante. Il y a une 2e mesure qui me semble importante, il faudra essayer d’amener plus d’habitants dans la ville et je crois que l’on a maintenant une très bonne opportunité avec l’université du Luxembourg.

Je crois qu’aussi longtemps que la ville baisse les volets à 18h, en dépit de tous les efforts des autorités politiques, on ne va pas avoir une ville vivante.

paperJam : Quand et comment s’articulera la campagne de votre parti? Quand seront connues les listes? Avec quelle agence de communication allez-vous travailler?

Laurent Mosar : Je suis un partisan des campagnes très courtes mais très efficaces. Il n’y aura pas de vraie campagne politique durant ces six prochains mois – il ne faut pas oublier que nous avons une présidence et un référendum -, ensuite, ce seront les vacances. Il restera 6 semaines, ce qui sera suffisant. Nous aurons un congrès qui approuvera les candidats, le parti établira la tête de liste et approuvera le programme. La campagne commencera après l’ouverture de la Fouer, en septembre. Notre liste pour Luxembourg-ville sera connue en avril ou mai. L’agence de communication, Imedia, s’occupe de la campagne pour tout le pays.

Propos recueillis par Florence Reinson

paperjam du 21 janvier 2005