Une union des valeurs

Lucien WEILER: “La future Constitution est la meilleure Constitution possible pour l’Europe en ce début du 21e siècle.”

Le passage d’une communauté de traités, de droit international, vers une union régie par une constitution, charte fondamentale de droit interne, n’est pas un événement anodin. Au contraire, la volonté des Européens de parfaire leur union sans cesse plus étroite a reçu son incarnation dans le texte constitutionnel : l’Europe prend corps et âme, à travers sa propre motivation, en suivant l’ambition d’un demi-milliard de citoyens.

Il y a ceux qui affirment que la Constitution n’est pas parfaite. Elle ne saurait d’ailleurs l’être aux yeux de tous : un texte issu d’un consensus paneuropéen, auquel aucun des 28 Etats représentés à la Convention sur l’avenir le l’Europe n’a souhaité se soustraire, contient nécessairement les arbitrages et équilibrages qui rendent possible une telle entente. Cette Constitution ne peut dès lors être celle, parfaite, des fédéralistes, des partisans de l’Europe sociale, des sceptiques de la mondialisation. Mais elle est bien plus que cela : elle est la Constitution de tous les Européens, précisément en raison de ses imperfections individuelles. Elle est la meilleure Constitution possible pour l’Europe en ce début du 21e siècle.

L’Europe constitutionnelle aura transcendé bien des différences pour aboutir au stade de développement qui est actuellement le sien. Surtout, elle aura transcendé les Etats-nation européens en devenant une union des valeurs. Ce sont les éléments communs et partagés de notre identité européenne qui ont prévalu sur les particularisme : la Constitution européenne, c’est la consécration des valeurs de l’ensemble des Européens.

En devenant constitutionnelle, l’Union européenne cristallise les aspirations des peuples du continent entier. Au-delà des ordres nationaux, il existera bientôt un ordre constitutionnel européen, bâti sur les valeurs. La renonciation perpétuelle à la guerre entre Européens s’y retrouve au premier plan ; mais également, la liberté, la démocratie, la tolérance, l’absence d’arbitraire et l’égalité des Européens devant leur Charte fondamentale.

L’Europe au stade constitutionnel devient ainsi une espèce de profession de foi politique : sera européen au sens de notre Constitution celui qui souhaitera s’y soumettre. Voilà un message fort à l’attention de ceux qui ne font pas encore partie de l’Union, mais qui aspirent à rejoindre des centaines de millions de citoyens de l’Union actuelle dans une même loyauté constitutionnelle européenne.

Lucien Weiler, Président de la Chambre des députés