Il reste du pain sur la planche

Interview avec Madame Marie-Josée Jacobs, Ministre de la Promotion féminine

Le Jeudi : En quoi est-ce dur d’être une femme, en 2004, au Luxembourg ?

Marie-Josée Jacobs : «L’égalité entre les femmes et les hommes, ancrée dans la législation, n’est pas atteinte dans la pratique. Les inégalités se retrouvent à deux niveaux : au niveau de l’emploi, avec un déséquilibre des salaires et de la prise de décision. Les femmes gagnent en moyenne 28% de moins que leurs collègues masculins. D’autre part, elles constituent toujours une minorité dans les postes de décision avec, à titre d’exemple, environ 16% pour les grandes entreprises. Au niveau des responsabilités familiales, ce sont surtout les femmes qui s’occupent des enfants et qui tentent de concilier leur carrière professionnelle avec leur vie familiale. A titre d’exemple, seulement 12% des hommes profitent de la mesure du congé parental.

Le Jeudi : Une femme à la maison : enfermée ou protégée ?

Marie-Josée Jacobs : Une femme au foyer n’est n’y l’un, n’y l’autre. Chaque femme peut choisir si elle veut rester à la maison pour élever ses enfants ou si elle souhaite poursuivre sa carrière professionnelle. La décision de rester au foyer est certes facilitée dans un pays aussi aisé que le Luxembourg. Avec un taux de divorce de plus de 50%, une femme court un grand risque de se retrouver sans ressources à un certain moment de sa vie. Imaginez combien il serait difficile pour une femme dans une telle situation, de renouer avec la vie professionnelle ! Il serait donc opportun de rester en contact avec le monde du travail, l’emploi salarié procurant sécurité économique et stabilité personnelle.

Le Jeudi : Femme quota, femme objet ? En d’autres termes, la femme, en politique surtout, est-elle placée pour faire bonne figure ?

Marie-Josée Jacobs : Il reste encore du pain sur la planche pour établir une situation d’équilibre, en politique comme dans les entreprises. Le problème de la conciliation entre vie familiale, vie professionnelle et engagement politique a un impact plus grand sur les femmes. Elles ont une autre façon d’aborder les choses : une représentation plus équilibrée apporterait une plus value au niveau des décisions à prendre.

(Interview extrait de l’article : L’éternelle lanterne rouge
Le Jeudi du 04.03.2004)