«Un élément essentiel de la compétitivité est la capacité d’adaptation à l’évolution économique»

Discours de Monsieur Jacques Santer lors du meeting «The strengthening of Small and Medium Enterprises in the framework of the European Union», organisé par «NEW DEMOCRACY PARTY».

L’objectif principal de la politique d’entreprise est de créer un environnement propice à la création et au développement des entreprises. L’amélioration de l’environnement des entreprises porte sur les conditions cadres, la simplification administrative et réglementaire, l’environnement financier, fiscal, social et environnemental dans lesquels elles opèrent. Un meilleur accès des PME à la société de l’information, en particulier au commerce électronique, et à l’innovation sont également des conditions de leur compétitivité.

Une des conditions préalables à l’instauration d’un environnement favorable aux entreprises consiste à développer une meilleure connaissance statistique de la population des PME, à leur offrir des réseaux d’information et des mécanismes de retour d’information susceptibles de mieux prendre en compte leurs besoins dans la définition des politiques les concernant.

Plus de 99 % des 18 millions d’entreprises marchandes non agricoles que compte l’Union européenne sont des PME. Elles occupent 66 % de la main d’œuvre et génèrent 55 % du chiffre d’affaires.

Une coopération accrue de tous les partenaires est indispensable si l’on veut créer une Europe plus entrepreneuriale et stimuler la création et le développement d’entreprises dynamiques, innovantes et créatrices d’emplois.

Introduction : l’esprit d’entreprise, un défi pour l’Europe

Au milieu du siècle dernier, les économistes prévoyaient la suprématie des grandes entreprises. Une envergure minimale était nécessaire pour réaliser des économies d’échelle, exploiter les marchés étrangers, maîtriser les nouvelles réglementations et saisir les opportunités technologiques. De fait, au cours des années 60 et 70, l’économie était dominée par les grandes entreprises. Ensuite, la tendance a commencé à s’inverser. Les grandes entreprises ont rationalisé par restructuration, délocalisation ou contraction et, dans l’OCDE, le nombre de propriétaires d’entreprises est passé de 29 à 45 millions entre 1972 et 1998.

Le marché intérieur, créé par l’Union européenne, se traduit par l’élimination des obstacles, la reconnaissance mutuelle et l’harmonisation. Il facilite les échanges dans un marché de 380 millions d’habitants que l’élargissement portera à 450 millions.

Cette évolution a ouvert de nouvelles perspectives d’initiatives entrepreneuriales, et notamment dans le secteur des services. La complexité croissante des processus de production appelle une variété de facteurs de production spécialisés. De même, la baisse des coûts de transfert de la connaissance dans l’espace réduit d’autant le coût des facteurs de production originaires de fournisseurs externes. L’ouverture croissante des marchés permet aux entreprises occupant des niches de marché d’élargir leur horizon européen et mondial.

Un élément essentiel de la compétitivité est la capacité d’adaptation à l’évolution économique. Réuni à Lisbonne en 2000, le Conseil européen a défini ses objectifs en termes d’emploi, de réforme économique et de cohésion sociale. À l’horizon 2010, l’Union entend “devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale”. En 2001, le Conseil européen a adopté une stratégie de développement durable et a inscrit une dimension environnementale dans la stratégie de Lisbonne. Il a reconnu qu’une transformation radicale de l’économie s’imposait pour créer quelque 15 millions de nouveaux emplois d’ici à 2010.

La réalisation de ces objectifs est essentiellement tributaire d’un environnement favorable au démarrage et au développement des entreprises. Le Conseil a adopté la Charte des petites entreprises qui recommande aux petites entreprises de tirer pleinement parti de l’économie de la connaissance.

En particulier, la Commission a adopté en décembre dernier une communication sur la politique industrielle dans l’Europe élargie et le débat sur le Livre vert sur l’esprit d’entreprise doit aussi être vu dans ce contexte.

Lors du Conseil européen de printemps, en 2002 à Barcelone, le Conseil a pris note de l’intention de la Commission de présenter un Livre vert sur l’esprit d’entreprise. L’importance de l’esprit d’entreprise a été réaffirmée dans le rapport du printemps 2003 de la- Commission au Conseil européen de printemps qui insiste sur le rôle de la connaissance, de l’innovation et du dynamisme entrepreneurial pour renforcer les investissements, l’emploi et la croissance.

Les petites entreprises nouvellement créées, et non les grandes entreprises, sont de plus en plus celles qui créent les nouveaux emplois. Les pays affichant les taux de croissance les plus élevés dans ce secteur ont pu enregistrer les plus fortes baisses subséquentes de leur taux de chômage. Dans les années 90, les entreprises à forte croissance ont sensiblement contribué à la création d’emplois. Aux Pays-Bas, par exemple, entre 1994 et 1998, 8% des entreprises à forte croissance ont représenté 60% du taux de création d’emplois parmi les entreprises existantes. Aux Etats Unis, 350.000 entreprises à forte croissance ont créé deux tiers de l’ensemble des nouveaux emplois entre 1993 et 1996. Des recherches indiquent que l’esprit d’entreprise contribue positivement à la croissance économique, même si la croissance du PIB est influencée par de nombreux autres facteurs.

Dans ce contexte, une plus grande priorité est accordée aux PME dans le cadre politique plus large des instruments de coordination mis en place au titre des grandes orientations de politiques économiques, des processus dits de Luxembourg relatif à la stratégie européenne de l’emploi et de Cardiff visant à développer un environnement réglementaire plus favorable pour les PME, du suivi du plan d’action BEST, de l’action concertée avec les États membres ou des exercices d’étalonnage des performances.

Petit à petit, étape par étape, une convergence des politiques de l’Union vers les PME s’est développée progressivement au fil des années tant pour améliorer l’environnement des entreprises que pour accroître leur soutien au travers des différents instruments et programmes financiers.

L’amélioration de l’environnement des entreprises et des conditions-cadres doit porter sur la simplification administrative, l’environnement réglementaire, juridique, fiscal, financier et social.

Le plan d’action BEST mis en œuvre par la Commission avec les États membres rassemble toutes les actions prises pour améliorer et simplifier l’environnement des entreprises. L’amélioration de l’environnement des entreprises implique également une meilleure connaissance des entreprises et de leur évolution ainsi que leur accès à l’information communautaire. Le réseau des Euro Info Centres et les autres réseaux d’information communautaires ainsi que le dialogue avec les entreprises offrent aux entreprises une information et un conseil sur les réglementations et programmes communautaires et un mécanisme de retour d’information. A titre d’exemples de mesures récentes prises pour améliorer l’environnement des entreprises, on peut citer la Directive sur les retards de paiements du 29 juin 2000, ainsi que la proposition de Règlement pour un brevet communautaire de juillet 2000 ainsi que les propositions de simplification de la législation concernant les marchés publics.

Les programmes et instruments financiers de soutien aux PME mis en oeuvre par l’Union prennent la forme d’aides directes ou indirectes. Ils visent principalement à améliorer l’accès des PME au financement et au crédit (prêts, garanties et capital-risque), aux aides régionales, à la coopération interentreprises, à la recherche ainsi qu’à la formation professionnelle.

L’accès au financement est crucial pour les PME. L’Union européenne a renforcé ces dernières années ses dispositifs de soutien au financement des PME notamment au travers de la Banque Européenne d’Investissement et du Fonds Européen d’Investissement pour encourager le développement du capital-risque et des garanties pour les PME. De nouveaux mécanismes financiers ont été créés au titre du plan d’action spécial d’Amsterdam comme le mécanisme européen des technologies (doté d’une enveloppe de 125 millions d’euros) et de l’initiative “Croissance et Emploi” qui découle d’une initiative du Parlement européen et du sommet européen spécial pour l’emploi de Luxembourg. Ainsi, trois nouveaux programmes ont été créés, le mécanisme européen des technologies start-up (MET Start-up doté de 168 millions d’euros), la facilité garantie PME (dotée de 168 millions d’euros) et le programme “Joint European Venture” (JEV doté de 84 millions d’euros) dont l’enveloppe financière globale est de 420 millions d’euros. D’autres initiatives encouragent le capital d’amorçage (CREA) ou l’établissement de réseaux d’investisseurs informels (“Business angels”). Les prêts globaux de la BEI ont bénéficié ces cinq dernières années à 49.000 PME dont 85 % sont des petites entreprises. Quant au FEI, le volume des opérations de garantie en faveur des PME atteint 33 % de l’ensemble de ses activités et s’élève à 879 millions d’euros.

Les Fonds structurels, principaux instruments de financement au service du développement régional et de l’emploi apportent également un soutien important aux PME dans les régions éligibles. Une évaluation thématique sur l’impact des Fonds structurels a montré que 21,3 milliards d’euros, soit de 18 % de l’enveloppe des Fonds ont bénéficié à plus de 800.000 PME au cours de la période 1994-1999. Dans ses orientations adressées aux États membres pour les programmes 2000-2006, la Commission a mis en exergue l’importance des PME pour la compétitivité régionale et l’emploi dans l’Union. Elle estime que la création ou le développement d’entreprises compétitives est la condition préalable à la création d’emplois durables et donc du développement économique régional. Le rôle croissant du secteur des services a été mis en exergue.

Dans les programmes de recherche et de développement technologique, la participation des PME a fortement progressé. Dans le Quatrième Programme Cadre la participation des PME a plus que doublé par rapport au précédent. En effet, 15.000 PME ont participé au cours de la période 1994-1998 par rapport à 5.000 pendant 1990-1994. Les 14.754 PME ayant participé représentent 28,5 % des projets et ont reçu plus de 20 % du budget global. L’établissement d’un point de contact unique pour les PME, une simplification des procédures de soumission pour les PME ainsi que les mesures spécifiques pour les PME (primes exploratoires et projets CRAFT) ont facilité leur participation. Celle-ci devrait encore augmenter au cours du Cinquième Programme Cadre actuellement en vigueur notamment grâce au programme horizontal “Innover et faire participer les PME”.

Dans le domaine du soutien communautaire à la formation professionnelle dans les PME, ce sont principalement le Fonds social européen et le programme Leonardo qui interviennent. Bien qu’encore imprécises, les données disponibles suggèrent que la part des PME dans les projets soutenus au titre de l’objectif 4 du Fonds social européen est prépondérante et qu’elle varie entre 40 et 90 % dans les programmes 1994-1999. Dans l’initiative ADAPT elle est estimée à 15 % des projets. Au sein du programme Leonardo la part des PME dans les projets atteint 20 % en moyenne. Le pilier consacré au développement de l’esprit d’entreprise au sein de la stratégie européenne de l’emploi est une reconnaissance du rôle crucial des PME dans les politiques d’emplois. Il devrait cependant se traduire de manière plus concrète dans les plans nationaux d’action pour l’emploi des États membres.

La coopération internationale est un des domaines qui touche également les PME. Tout d’abord, la Commission prépare le prochain élargissement de l’Union qui s’est traduit par l’ouverture du troisième programme pluriannuel PME aux pays candidats dans le cadre de la stratégie de préadhésion. Ensuite, la Commission promet l’établissement d’entreprises conjointes (JOP) et d’investissements directs notamment par le biais de la facilité PME en coopération avec la Banque Européenne de Reconstruction et de Développement. Ensuite, la coopération avec les pays tiers vise à favoriser l’internationalisation des entreprises dans l’économie globalisée. Elle concerne d’une part, la politique commerciale et, d’autre part, la coopération économique avec de nombreux pays.

Grâce à l’action de SME-Union, de nos parlementaires SME Circle, la priorité politique en faveur des PME et du développement d’une Europe entrepreneuriale se confirme. La prise en compte des PME et leur participation dans les programmes communautaires a augmenté ces dernières années. Il reste cependant des efforts à faire en matière d’évaluation de l’impact des politiques sur le développement des PME. Les PME souffrent parfois de difficultés d’accès aux différents programmes de soutien. Si la contribution communautaire européenne au développement d’une Europe entrepreneuriale est importante, les efforts des Etats membres sont essentiels pour maximiser le potentiel de compétitivité, de croissance, d’innovation et d’emploi des PME.

Le défi pour l’Europe

L’attitude et l’engagement personnels à l’égard de l’esprit d’entreprise varient sensiblement selon les Etats membres de l’Union européenne, et les écarts se creusent encore si on effectue une comparaison à l’échelle régionale. En moyenne, les propriétaires d’entreprises ne manquent pas dans l’Union européenne. Cependant, la propension à entreprendre pourrait y être améliorée. Par rapport aux Etats-Unis, le dynamisme entrepreneurial est moins prononcé dans l’Union. Les Européens sont moins que les Américains, engagés dans les nouvelles initiatives entrepreneuriales et les entreprises européennes ne se développent pas au même rythme que leurs homologues américains.

Compte tenu du taux de chômage qui reste élevé dans l’Union européenne – dont la gravité est plus ou moins préoccupante selon les Etats membres – des efforts sont nécessaires pour améliorer les conditions de création d’emplois par l’activité entrepreneuriale. Outre l’encouragement à donner aux nouvelles initiatives entrepreneuriales, il est nécessaire de maximiser le potentiel de croissance des entreprises existantes dans l’Union européenne. Celles-ci forment la clé de voûte de l’économie de l’Union et constitue un élément de continuité, d’emplois et d’expérience. Parmi les quelque 20 millions de PME en Europe, environ 30% déclarent que la croissance est leur principale ambition.

Le défi pour l’Union européenne consiste à identifier les facteurs clés d’un climat favorable à l’esprit d’entreprise et à l’activité entrepreneuriale. Les mesures politiques devraient promouvoir l’esprit d’entreprise actuel dans l’Union en adoptant l’approche la plus adéquate pour augmenter le nombre d’entrepreneurs et stimuler la croissance des entreprises.

Les différentes politiques au service de l’esprit d’entreprise.

Les politiques publiques doivent contribuer à stimuler l’esprit d’entreprise.

L’Union européenne a d’ores et déjà défini une stratégie de politiques macro-économiques orientées vers la croissance et la stabilité, condition préalable pour instaurer un climat propice à l’entreprise. Le Conseil publie chaque année les grandes orientations des politiques économiques portant sur les politiques nationales des Etats membres. En 2002, les orientations ont recommandé de promouvoir l’esprit d’entreprise, notamment par l’environnement fiscal et réglementaire des entreprises nouvelles et existantes, les réformes législatives relatives à l’insolvabilité et la promotion de marchés financiers efficaces.

De nombreux facteurs, non seulement économiques, déterminent la décision personnelle de démarrer une entreprise ou le choix du risque ou du développement par l’entrepreneur. Mais les opportunités économiques nombreuses n’impliquent pas d’office un esprit d’entreprise accru. Il dépend également des préférences, des compétences et des choix personnels. Même ceux qui sont tentés par l’expérience pèsent le pour et le contre de l’entreprise par rapport aux avantages et à la sécurité auxquels ils renoncent.

L’approche globale de la promotion de l’esprit d’entreprise se décline sur trois niveaux : l’individu, l’entreprise et la société.

Pour que l’individu soit davantage attiré par le statut d’entrepreneur, il faut le sensibiliser à l’esprit d’entreprise et rendre son choix suffisamment attrayant. Il doit avoir les talents nécessaires pour pouvoir réaliser ses ambitions avec succès.

Pour que le projet d’entreprise évolue vers une entreprise saine, certaines conditions générales doivent absolument être réunies. Elles doivent permettre à l’entreprise d’assurer son développement et sa croissance et ne pas entraver inutilement la contraction et la cessation.

L’activité d’entreprise dépend d’une attitude positive de la société envers les entrepreneurs. Il faut valoriser l’esprit d’entreprise et tolérer l’échec.

La politique de l’esprit d’entreprise vise à accroître la vitalité de l’entreprise par la motivation des entrepreneurs et la mise à disposition des compétences nécessaires. Un environnement favorable aux entreprises est la clé du démarrage, de la cessation, de la reprise, de la prospérité et de la survie des entreprises.

Malgré des améliorations récentes, les Européens estiment toujours que les obstacles administratifs constituent la principale entrave à la création d’une entreprise. En phase de démarrage, les entreprises ont du mal à se procurer les capitaux d’amorçage et de démarrage nécessaires. Le partage des risques entre le secteur public et le secteur privé peut contribuer à accroître la disponibilité de capitaux.

Interrogés dans le cadre de l’Eurobaromètre sur les obstacles au lancement d’une entreprise, 69% des répondants ont cité la complexité des procédures administratives existantes et 76% la pénurie de capitaux.

Les entrepreneurs rencontrent de nombreux obstacles. Le respect des réglementations administratives et le coût qui en résulte restent une charge importante. L’accès à une main-d’oeuvre qualifiée, le degré de flexibilité du marché du travail et le financement adéquat sont autant de contraintes qui affectent la performance des entreprises. En outre, il faut aider les entreprises à saisir les opportunités offertes par le marché intérieur et à innover.

Pour les entrepreneurs la bureaucratie est un obstacle majeur à la gestion d’une entreprise, en particulier pour ceux qui souhaitent opérer et prospérer dans le marché intérieur.

La réglementation n’est en général pas assez différenciée suivant la taille de l’entreprise, de sorte qu’elle affecte de manière disproportionnée les plus petites entreprises. Les pouvoirs publics doivent être encouragés à “penser aux petits d’abord”, en veillant à ce que la réglementation soit aussi simple et ciblée que possible. Pour réduire la charge administrative, plusieurs Etats membres ont prévu des dérogations pour les PME ou leur proposent des services d’assistance administrative. La mise à disposition de services d’information et de soutien peut aider les entrepreneurs à faire face aux charges administratives.

La structure du système fiscal, qu’il s’agisse de la fiscalité du revenu, des sociétés, du travail ou de la TVA, influe sur les possibilités d’expansion des entreprises. La complexité des systèmes fiscaux en soi est une charge administrative pour les entrepreneurs. Des entraves fiscales continuent d’exister aux activités transfrontalières dans le marché intérieur.

Au fur et à mesure que les taux d’imposition des revenus marginaux augmentent, les entrepreneurs ont tendance à ralentir l’expansion de leur entreprise, à freiner l’investissement et l’embauche. La fiscalité du travail peut également influencer l’embauche par les entreprises. Même si les réformes fiscales entreprises au cours des dernières années ont contribué à une évolution nette vers la réduction de la charge fiscale pesant sur le travail dans l’Union européenne, la pression fiscale sur le travail demeure encore élevée dans la plupart des Etats membres.

En ce qui concerne les activités nationales il faut, en vue d’encourager la transmission d’entreprise : parler suppression des frais d’enregistrement ou report d’impôts, par exemple, mais les progrès sont lents. Le traitement fiscal de la transmission d’entreprise intéresse en particulier les entreprises familiales qui représentent une part importante des entreprises européennes. La retraite et la succession peuvent être entravées par des régimes fiscaux inadéquats et complexes. Au pire, ceux-ci peuvent se traduire par la fermeture immédiate des entreprises ou nuire à leur viabilité future.

Si le chômage constitue toujours un défi majeur pour l’Union européenne, les dernières années ont également été marquées par des difficultés croissantes de recrutement dans certaines régions et secteurs. A la fin des années 90, la plupart des nouveaux emplois étaient destinés à des travailleurs moyennement à fortement qualifiés, alors que l’emploi des travailleurs peu qualifiés a reculé. La demande de travailleurs hautement qualifiés a progressé plus vite que l’offre. Il est nécessaire d’assurer que les compétences des travailleurs correspondent à l’évolution économique et technologique. L’apprentissage tout au long de la vie est un moyen efficace d’acquérir ces compétences. Aujourd’hui, de nombreux Européens suivent une formation tout au long de la vie, mais à des degrés divers. Il faut également remédier à d’autres rigidités qui affectent la flexibilité du marché du travail.

Incitations en matière de gestion d’entreprise

Le gouvernement du Royaume-Uni prévoit des incitations pour aider les petites entreprises à haut risque à recruter et fidéliser les travailleurs dont elles ont besoin pour réaliser leur potentiel de croissance. Ce régime permet aux entreprises d’accorder des participations fiscalement attractives aux principaux salariés.

Accès au financement

L’accès au financement est indispensable à la croissance, mais de nombreuses PME ont des difficultés, dans la mesure où le marché du capital-risque est sous-développé et que les banques cherchent à éviter de plus en plus les crédits à risque.

Quelque 20% des petites entreprises déclarent rencontrer des problèmes d’accès au financement à long terme. Malgré les disparités entre les Etats membres, le crédit continue de dominer le financement des PME dans l’Union européenne. Les banques ont de plus en plus recours aux systèmes d’évaluation des PME, c’est-à-dire que le coût du crédit est adapté au niveau de risque inhérent à chaque entreprise. En outre, les frais généraux élevés des petits crédits rendent ceux-ci peu intéressants pour les banques.

L’Europe devrait continuer à développer les marchés du capital-risque comme solution de rechange complémentaire du crédit bancaire. Les entreprises américaines ont tendance à avoir des bilans plus sains que les entreprises européennes (avec en moyenne 50% de fonds propres contre seulement 30% en Europe). Si environ 7.000 entreprises européennes ont reçu des capitaux d’amorçage ou d’expansion de fonds de capital-risque en 2001, il s’agissait surtout d’entreprises de haute technologie et à forte croissance.

Pour mobiliser les investisseurs privés et accroître l’offre de garanties aux PME, les institutions publiques doivent élaborer des programmes de soutien aux PME qui couvrent un vaste éventail d’instruments allant des microcrédits au capital-risque. Au niveau de l’Union européenne, le Fonds européen d’investissement met en oeuvre une série d’instruments financiers au titre du Programme pluriannuel pour les entreprises et l’esprit d’entreprise.

Accès aux microcrédits

Finnvera, l’institution publique de financement des PME en Finlande, gère un programme de microcrédits pour micro-entreprises existantes et nouvelles, qui a permis de financer l’investissement, le fonds de roulement et le développement d’entreprises en faveur de 2.741 entrepreneurs, à concurrence d’un total de 45,5 millions d’euros en 2001. Elle finance jusqu’à 75% du besoin de financement total. Les crédits varient de 3.400 à 35.000 euros. Ce programme combine des mécanismes de garanties contre les pertes financées au niveau national ainsi que par les fonds régionaux de UE et inclut un outil d’évaluation de l’entreprise destiné à promouvoir un taux de survie élevé parmi les entrepreneurs.

Il faut aider les entrepreneurs à surmonter leur méfiance vis-à-vis des investisseurs extérieurs. Les investisseurs ont besoin d’informations fiables sur les entreprises que les entrepreneurs doivent pouvoir leur fournir.

Pour tirer parti du marché intérieur et relever le défi d’une concurrence accrue, il faut encourager les entrepreneurs à innover et à internationationaliser. A cet effet, ils doivent avoir accès à la connaissance, aux contacts adéquats, à la formation et aux services de soutien de qualité.

Les PME estiment que le marché intérieur a non seulement accru la concurrence, mais aussi ouvert de nouvelles perspectives d’expansion. La concurrence pousse les entreprises à exploiter en permanence les connaissances et l’innovation. Les entreprises peuvent innover de plusieurs manières, par le développement technologique, l’assurance qualité, les nouveaux modes d’organisation du travail ou les réseaux de distribution, les marques ou la conception. Le capital humain est un élément clé pour générer des idées créatives et innovantes. Les entreprises peuvent tirer parti de la capitalisation de la connaissance, des compétences et des réseaux informels de leur propre personnel.

L’instauration d’une société plus favorable à l’entreprise nous concerne tous. Les attitudes envers l’esprit d’entreprise et l’échec doivent être plus positives. La réalisation de cet objectif repose sur ceux dont dépendent les entrepreneurs d’aujourd’hui et de demain.

L’esprit d’entreprise mérite d’être promu dans la mesure où les compétences et les attitudes nécessaires à l’entreprise sont des atouts pour la société qui dépassent le cadre strict des applications entrepreneuriales. Pour apprécier l’esprit d’entreprise, la société se doit de valoriser et d’honorer la réussite des entreprises et de tolérer l’échec. L’attitude positive envers l’esprit d’entreprise est particulièrement importante parmi ceux dont dépendent les entrepreneurs actuels et futurs : écoles, universités, investisseurs, collectivités locales, régions, organisations sectorielles, conseillers et médias.

Conclusion

Trois axes d’action pour une société favorable à l’entreprise

Eliminer les obstacles au développement et à la croissance des entreprises

Il faut améliorer le fonctionnement du marché intérieur et réduire la bureaucratie pour éliminer les obstacles à l’activité entrepreneuriale et promouvoir le principe “penser aux petits d’abord”. Il faut également intensifier les efforts visant à améliorer l’accès au financement et à la main-d’œuvre qualifiée. Il faut aider les entrepreneurs à acquérir les compétences requises pour adapter leur entreprise à un environnement en constante évolution. L’échange d’expériences et la coopération, peuvent aider les entrepreneurs à trouver inspiration et conseil, accéder aux technologies et à la connaissance ou identifier des partenaires. La constitution de réseaux pourrait être particulièrement efficace dans certains secteurs ou pour certains groupes d’entrepreneurs, comme ceux issus de minorités ethniques.

Assurer un équilibre entre le risque et la rétribution de l’entrepreneur

La prise de risque devrait être récompensée et non punie. Les régimes fiscaux et de sécurité sociale doivent être revus à la lumière de leurs effets sur la disponibilité des entrepreneurs à prendre le risque lié à la création ou à l’expansion d’une entreprise. La reprise d’une entreprise existante doit être encouragée et le potentiel de la coopération entre entreprises “intrapreneuriat” davantage exploré. Pour réduire les effets négatifs de l’échec, il convient d’envisager des mesures appropriées, telles que la liquidation accélérée du passif, la conservation de certains actifs ou la levée de certaines restrictions imposées aux entrepreneurs défaillants.

Une société doit valoriser l’esprit d’entreprise

Si de nombreuses personnes marquent une préférence pour l’entreprise, il leur manque souvent la confiance et les compétences nécessaires pour réaliser leurs ambitions. Les jeunes doivent être exposés à l’esprit d’entreprise et être soutenus, de même que leurs formateurs, dans le développement des compétences entrepreneuriales. Des campagnes pourraient présenter des modèles à suivre et des exemples de réussites d’entrepreneurs pour illustrer les bénéfices que ces derniers apportent à la société. Il convient de s’adresser surtout à ceux qui peuvent jouer un rôle clé dans le soutien des entrepreneurs en puissance : écoles, universités, investisseurs, collectivités locales, régions, organisations sectorielles, conseillers et médias.

Discours de Monsieur Jacques Santer lors du meeting «The strengthening of Small and Medium Enterprises in the framework of the European Union», organisé par «NEW DEMOCRACY PARTY».