Le ministre de la Justice Luc Frieden a effectué les 2 et 3 juin 2003 une visite de travail en Serbie-Monténégro. A Belgrade et à Podgorica, il a eu des entrevues avec les dirigeants de l’Union de Serbie et Monténégro ainsi qu’avec des ministres des républiques de Serbie et de Monténégro. Il s’agissait de la première visite de travail d’un ministre luxembourgeois dans la région depuis la naissance de l’Union de Serbie et Monténégro
Les entretiens ont porté sur les contributions luxembourgeoises au développement économique et social de la Serbie et du Monténégro, les réformes institutionnelles ainsi que les modalités relatives au rapatriement du Luxembourg vers leur pays d’origine des demandeurs d’asiles déboutés.
Lors d’une conférence de presse en date du 4 juin 2003, le ministre Luc Frieden a présenté le bilan de cette visite “très intéressante pour les deux parties”. Elle aurait notamment permis de répondre aux ambitions du gouvernement luxembourgeois de coopérer avec les pays d’origine des demandeurs d’asile séjournant au Luxembourg.
Dans ce contexte, le ministre a d’abord esquissé la politique d’asile du gouvernement: «il s’agit d’une politique responsable et bien pensé», conforme à celle du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).
Le ministre de la Justice a expliqué dans ce contexte que la politique d’asile du gouvernement luxembourgeois est basée sur quatre principes:
l’asile est accordé aux réfugiés politiques, sur base de la Convention de Genève,
les demandeurs d’asile déboutés doivent quitter le pays, d’où l’importance des accords de réadmission avec les pays d’origine des demandeurs,
le gouvernement luxembourgeois n’accepte pas l’immigration illégale ; la gestion des flux migratoires doit être contrôlée,
la coopération avec les pays d’origine des demandeurs d’asile est essentielle pour éviter l’immigration illégale et pour éviter que le fossé entre pays riches et pauvres ne se creuse.
Il ne s’agit pas de lutter contre la pauvreté en acceptant toutes les demandes d’asile, signalait le ministre, cette lutte doit se faire sur place dans les pays respectifs, d’où l’importance de la coopération avec ces pays.
Dans le contexte du retour en Serbie et en Monténégro des demandeurs d’asile déboutés au Luxembourg, le ministre Luc Frieden a précisé que souvent se posait le problème d’obtention de documents nécessaires de la part des autorités locales. D’où son initiative de se rendre dans la région pour en discuter.
«Les entrevues ont été très intenses, difficiles, mais couronnées de succès », dit Luc Frieden, «Nous avons trouvé des solutions pour organiser les retours. Chacun assumera ses responsabilités». Les retours seront organisés avec la république d’origine de chaque demandeur débouté.
Ses interlocuteurs ont en outre confirmé au ministre luxembourgeois que les demandeurs d’asile déboutés pourraient se procurer un «laisser-passer» à l’ambassade de leur pays à Bruxelles afin de pouvoir retourner chez eux. La possession d’un passeport ne serait pas nécessaire pour cette procédure, ajouta le ministre.
«Les demandeurs d’asile déboutés seront encouragés à retourner dans leur pays d’origine», expliqua le ministre. Ils pourront dans ce cas bénéficier d’un retour assisté et des aides financières du gouvernement, qui correspondent à 1.200 euros pour un adulte et 600 euros pour un enfant. Les autorités locales auraient d’ailleurs confirmé au ministre luxembourgeois qu’il s’agit là d’un capital de départ adéquat.
En cas de refus d’un retour volontaire, les retours forcés ne pourraient pas être évités. Actuellement, 1.300 demandeurs d’asile déboutés se trouveraient en fin de procédure au Luxembourg, a précisé le ministre de la Justice.
Luc Frieden a également insisté sur l’importance des accords de réadmission dans la lutte contre l’immigration illégale en Europe. Les pays du Benelux ont conclu un tel accord avec la Serbie-Monténégro, dit le ministre. Il a dans ce contexte déploré que souvent, indépendamment du résultat de leur demande d’asile, certaines personnes concernées ne quitteraient pas volontairement le Luxembourg. “Les demandeurs d’asile usent de tous les droits de recours, sans pour autant accepter le résultat de la procédure”, a constaté le ministre.
Or, la régularisation ne soulèverait que de faux espoirs et provoquerait l’effet inverse et ne pourrait donc pas constituer une solution, a affirmé le ministre. Dans ce contexte, la politique du gouvernement se trouverait en ligne droite avec celle du UNHCR, qui se prononcerait également en faveur des retours dans le pays d’origine, ajouta le ministre Frieden.
Pour ce qui est des accords de mains-d’œuvre, la situation économique actuelle ne serait pas favorable pour conclure de tels accords, précisa le ministre.
«’Europe ne doit pas fermer ses frontières, mais nous voulons une immigration organisée”, a conclu Luc Frieden à ce sujet, “Nous voulons une vie communautaire rassemblant beaucoup de nationalités différentes, mais dans le respect de règles définies, afin d’assurer la cohésion sociale et la stabilité en Europe.»
Contributions luxembourgeoises au développement économique
Lors de sa visite de travail, le ministre de la Justice a rencontré en tout sept ministres. Ces entrevues lui auraient permis de constater que ce pays a l’ambition de jouer un rôle sur la scène européenne. «La volonté des membres du gouvernement d’engager des réformes est grande», estimait Luc Frieden. Libre et ouvert, ce pays serait néanmoins confronté à d’importants problèmes sur le plan économique, mais le potentiel de développement sur les plans économique, touristique et agricole serait grand, dit le ministre.
Le pays aurait toutefois besoin des contributions financières de l’étranger. Dans ce contexte, le ministre Luc Frieden a précisé que le gouvernement luxembourgeois, dans le cadre de la coopération bilatérale, financerait actuellement différents projets à concurrence d’un montant de 21 millions d’euros. «Nous voulons soutenir le pays dans son développement», dit le ministre.
Dans le cadre des réformes institutionnelles du pays, le Luxembourg y soutient des projets pour renforcer certains éléments moins stables (la justice ou la police) et pour former les juges.
Les contributions du Luxembourg ne passeraient pas inaperçues, a estimé Luc Frieden. Ses interlocuteurs lui auraient signalé que les aides du Luxembourg seraient actuellement plus importantes que celles de la France.
Lors de sa visite, le ministre de la Justice luxembourgeois Luc Frieden a également visité la bourse de Belgrade. Un programme informatique y serait en train d’être installé en coopération avec la bourse de Luxembourg. Le budget pour ce projet s’élèverait à 425.000 euros.
(Service Information et Presse)