Trois questions à….Erna Hennicot-Schoepges

La présidente du Parti Chrétien Social en interview avec l’hebdomadaire «Le Jeudi».

Le Jeudi: «Que fera le PCS pour contrer les velléités d’une coalition arc-en-ciel qui miserait sur les réformes de société (euthanasie, PACS…..)?»

Erna Hennicot-Schoepges: «Le PCS s’est attelé à ces sujets avant les dernières élections et a réaffirmé son opinion lors du congrès du 18 novembre 2002. Derrière l’accompagnement de fin de vie, il y a beaucoup plus que la seule euthanasie et il faut avant tout clarifier la terminologie et développer les soins palliatifs. Nous soutenons les professionnels de la santé qui mettent en garde de légiférer sur le sujet.

Mais il ne faut pas croire que nous nous laisserons si facilement abuser. Nous notons que le président du groupe parlementaire de notre partenaire au gouvernement a fait des déclarations qui ne sont absolument pas en accord avec notre programme de coalition. Cela nous rend attentifs et nous pousse à nous demander quelles sont les intentions. Surtout quand il produit un texte qui trouverait une majorité variable à la Chambre des Députés……

L’euthanasie est un point sensible qu’on ne peut pas réduire à telle ou telle alliance parlementaire. C’est beaucoup plus délicat que ça. Nous savons aussi qu’il y a dans les autres partis des gens qui sont plus de notre avis que de celui officiellement défendu par leur parti ».

Le Jeudi: «Une aile droite aimerait réorienter le PCS vers la droite et n’apprécie guère votre ouverture d’esprit – vous en avez notamment fait les frais dans l’affaire de la Gëlle Fra ou de Tracol. Qu’en est-il?»

Erna Hennicot-Schoepges: «Je trouve que nous avons bien fait de mettre les termes au clair et je suis heureuse de l’issue de cette discussion.

Je sais qu’il y a une très grande diversité d’opinions dans notre parti et il est d’autant plus satisfaisant d’avoir obtenu l’unanimité (moins une voix) sur un programme qui a été discuté en profondeur. Nous avons pu, dans le dialogue, évacuer des craintes et des préoccupations justifiées.

Il en est ressorti que nous sommes en premier lieu le parti des petits gens. L’insistance de certains amendements sur la propriété privé n’a pas pu mobiliser la majorité de nos membres ».

Le Jeudi: «Un possible recentrage du PCS laisserait une brèche ouverte à droite pour l’ADR. Est-ce stratégiquement judicieux et qui en ressortira affaibli?»

Erna Hennicot-Schoepges: «Le Premier Ministre a très bien dit que le centre est un point, un chemin. Je le vois comme le chemin qui permet de rassembler un maximum de membres derrière un programme fortement marqué par un esprit chrétien qui remonte aux sources mêmes de la chrétienté.

Concernant l’ADR, je suis heureuse que nos militants ne soient pas dupes de ce que l’ADR est en passe de devenir. L’ADR veut représenter l’ayatollah de la morale dans notre pays. Nous ne sommes pas si primitifs. La société a évolué et nous devons reconnaître ces changements.

Aller à la pêche aux voix en affirmant détenir la vérité aujourd’hui et maintenant trouve un écho chez un certain électorat, comme il se doit pour tout populisme. Nous n’irons pas dans cette direction.»

Le jeudi, 21. novembre 2002