Dans une interview au journal “Le Quotidien”, le Secrétaire Général du PCS, Jean-Louis Schiltz, a tracé les lignes du nouveau programme fondamental. Celui-ci sera discuté le 9 novembre lors d’un congrès national extraordinaire du PCS. A l’heure actuelle, le projet est soumis aux instances du parti (sections, circonscriptions, sous-organisations) pour avis. Nous reproduisons ci-dessous des extraits de l’interview paru dans l’édition du Quotidien du lundi, 21 octobre.
A la question du journaliste Philippe Poirier en quoi le nouveau programme de base se différencie du programme adopté en 1974, le Secrétaire Général a répondu comme suit : « Nous avons tout d’abord essayé d’orienter nos principes de base par rapport à un certain nombre d’événements qui se sont produits depuis 1974. Je vise ici la globalisation, l’environnement, la rencontre des cultures et la fin du conflit Est-Ouest. Je pense d’ailleurs que le titre de notre document est un programme en lui-même. Puisqu’il s’agit que tout un chacun compte en particulier. Cela signifie en français que nous regardons non seulement l’homme en tant que tel mais aussi que nous tenons compte de sa relation avec les autres. C’est bien entendu un principe éminemment solidaire. Plus que jamais, nous souhaitons rester le parti du centre progressiste. Peut-être que le terme populaire en français convient mieux que celui de progressiste.
Une politique centrée sur l’homme
Interrogé sur l’assertion du programme de base, de mener une politique centrée sur l’homme, Jean-Louis Schiltz a cité l’exemple de l’intégration : « Nous souhaitons mettre en place une politique d’intégration active et vécue. C’est-à-dire tant les non-Luxembourgeois que les Luxembourgeois doivent mettre du leur. Dans cette rencontre la langue luxembourgeoise joue un grand rôle dans le processus d’intégration. Ce n’est pas le seul facteur, mais c’est l’une des conditions sine qua non. Dans sa traduction politique, la rencontre avec l’autre, c’est aussi accorder le droit de vote aux ressortissants non communautaires au niveau des élections communales. Un projet de loi est actuellement en discussion à la Chambre. L’intégration, c’est également la double nationalité. Et face à cette proposition, la réponse de notre parti ne peut être que positive. »
Tenir compte de l’évolution de la société
Quant aux prises de position concernant la famille et le partenariat, Jean-Louis Schiltz a répondu : « J’estime qu’une politique centrée sur l’homme doit toujours être à son service et tenir compte de l’évolution de la société. J’en reviens donc à notre slogan tout un chacun compte. Cela veut dire par exemple, et ceci est éminemment chrétien-démocrate, l’effet combiné des principes de solidarité et de subsidiarité. Mais pour répondre plus précisément à votre question, cela signifie que nous considérons que la famille est toujours un élément important de notre société mais aussi que les partenariats homosexuels vivent aussi une forme de solidarité, elle-même débouchant sur une prise de responsabilité. Dans ces conditions, nous ne pouvions que proposer une contrat d’union de vie. Il est aussi en discussion au Parlement. Sans doute, y aura-t-il des modifications au texte original. Cela fait parti du processus législatif. … Nous sommes attachés à la politique familiale. Dans le même temps, nous l’avons fait évoluer. Et sans forcément rapprocher les deux choses, nous constatons qu’il existe aussi d’autres formes de vie dans notre société qui sont basées, et c’est très important pour moi, sur les principes de solidarité et de responsabilité.
En ce qui concerne les soins palliatifs et l’encadrement en fin de vie, Jean-Louis Schiltz a estimé que le PCS se référant « toujours au personnalisme, il va de soi que la dignité de l’homme face à sa mort est des plus importantes pour nous. Nous sommes donc en faveur d’un accompagnement en fin de vie, pour que même dans sa mort l’homme garde sa dignité. Dans ce contexte, nous ne pouvons que soutenir le développement de la médecine palliative. Au-delà de cela, nous devons réfléchir comment éviter l’acharnement thérapeutique et que la volonté du patient soit respectée. Soi dit en passant, l’attitude vis-à-vis de l’euthanasie n’a aucune dimension partisane. Si je regarde ce qui se passe en Autriche, il y a un consensus contre l’euthanasie active. C’est aussi le cas du Conseil de l’Europe. Cela devrait donc tous nous interpeller. Cela remet aussi en perspective les décisions néerlandaise et belge en la matière. D’ailleurs, l’Association des médecins luxembourgeois (AMMD) s’est clairement prononcée contre l’euthanasie active. Dans ces conditions, je me demande comment on peut prétendre, comme ceux qui y sont favorables, aller à l’encontre des médecins. Le débat doit être mené sereinement. Sur le testament de vie, je le répète, nous devons respecter la volonté de chaque homme et de chaque femme. Faut-il encore fixer un cadre légal et surtout je ne pense pas qu’un machin administratif puisse gérer et être efficace pour le testament de vie. »
Pour un pacte social renouvelé
Interrogé sur l’importance du travail comme vecteur de l’intégration social, Jean-Louis Schiltz a résumé les assertions du nouveau programme de base comme suit : « Nous nous prononçons pour un pacte social renouvelé et composé de cinq éléments : le progrès social, le contrat des générations, la globalisation économique couplée avec une globalisation sociale en Europe et au-delà de l’Europe, les droits des femmes et le développement durable. Ce nouveau pacte social doit permettre aussi que la classe moyenne soit la plus large possible. Pour qu’une économie soit performante, elle doit aussi inclure le principe de subsidiarité. L’Etat ne peut pas tout faire, c’est pourquoi les partenaires sociaux et économiques doivent avoir une grande liberté de décision et d’initiative. Ces libertés ne peuvent exister qu’à partir du moment où des mécanismes de responsabilité et de solidarité sont aussi présents.