François Biltgen : «Une immigration contrôlée sera mieux à même de répondre aux besoins de la société»

Le Quotidien: Les langues et le travail au Luxembourg deviennent un enjeu, quelles mesures comptez-vous adopter?

François Biltgen: Je voudrais tout d’abord dresser un tableau de la situation. D’une part, plus de la moitié des salariés au Luxembourg ne sont pas luxembourgeois. D’autre part, sur l’identité luxembourgeoise, il y a, je crois, un large consensus pour dire que la langue est une condition, je ne dirais pas suffisante mais nécessaire, de l’identité luxembourgeoise.

Malgré tout ce qui existe, il n’y a pas d’offres systématiques. Il est certain qu’il y a actuellement des secteurs d’activité où il n’y a pas de possibilité d’apprendre le luxembourgeois. Dans son discours sur l’état de la Nation, le Premier ministre a annoncé que le luxembourgeois serait offert à tous les non-luxembourgophones et il a demandé au ministère du Travail de réaliser ce projet. La première étape a été franchie avec un nouvel article budgétaire. J’ai aussi convoqué l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) le 10 octobre pour faire justement le tour de la question.

Le Quotidien: Dans votre politique linguistique, prendrez-vous exemple sur des modèles qui ont déjà cours, notamment celui qui existe en Flandres?

François Biltgen: Oui, mais le problème est qu’il faut toujours adopter des programmes ad hoc.

Au Luxembourg, c’est plutôt un problème de connaissance de langue, et surtout de connaissance de langue orale. Il ne s’agira pas de transformer tous les non-luxembourgeois en écrivains. Il s’agit de leur donner la faculté, sinon de parler, du moins de comprendre. Si vous ne comprenez pas la langue, vous risquez d’être, à tort, suspicieux.

Le Quotidien: Comment envisagez-vous le partenariat entreprises et Etat sur le sujet?

François Biltgen: On ne peut pas dire : les entreprises sont libres d’importer de la main-d’œuvre étrangère pour les besoins de l’économie, et du moment qu’ils sont ici tout revient à l’Etat.

Nous ne devons surtout pas regarder l’immigration seulement d’un point de vue économique mais aussi social.

Extrait d’un entretien de Philippe Poirier avec le ministre François Biltgen, publié le 16.09.2002 dans le journal «Le Quotidien»