10 mai 2000
Déclaration du gouvernement sur la situation économique, sociale et financière du pays
Communiqué du Service Information et Presse du gouvernement
Le Premier ministre Jean-Claude Juncker a fait aujourd’hui, mercredi, 10 mai 2000, devant la Chambre des Députés, sa traditionnelle déclaration sur la situation économique, sociale et financière du pays.
Monsieur Juncker a placé cette déclaration dans le double contexte historique du cinquantenaire du plan Schuman, le 9 mai 1950, et du soixantième anniversaire de l’invasion du Grand-Duché de Luxembourg par les troupes de l’Allemagne nazie le 10 mai 1940.
Tout en se félicitant des progrès accomplis par l’intégration européenne, M. Juncker a rappelé que le grand défi actuel de l’Union européenne est son élargissement vers l’Est qui devra être bien réfléchi et bien fait.
Cela demande d’abord que le Conseil européen de Nice, en décembre 2000, parviendra à doter l’Union européenne de structures institutionnelles aptes à intégrer, à terme, 25 pays ou plus. Pour les responsables politiques il importe de démontrer que l’élargissement a un sens politique, économique et social aussi bien pour les membres actuels que pour les candidats. Pour assurer la viabilité d’une Union européenne de 27 États avec 550 millions d’habitants, il sera nécessaire qu’une avant-garde d’États membres puisse poursuivre l’intégration politique là où ils l’estiment nécessaire. L’Union européenne, a déclaré M. Juncker, reste un projet éminemment politique et ne devra pas dégénérer en zone de libre échange.
D’un point de vue luxembourgeois, le Premier ministre a annoncé que l’État projette d’investir lourdement dans l’amélioration et l’extension des infrastructures des institutions et services de l’Union européenne basés à Luxembourg. Presque 50 milliards LUF seront ainsi investis au Kirchberg, dans le but primordial de consolider et d’élargir le site comme siège d’importantes institutions européennes en vue du futur élargissement.
Dans le cadre de la politique extérieure et de sécurité commune, M. Juncker a confirmé l’engagement du Luxembourg en faveur de la mise en place et du fonctionnement de missions européennes de paix et de stabilité. En un premier temps le gouvernement projette d’augmenter les dépenses militaires de 0,9% à 1,2% du PIB sur 5 ou 6 ans, surtout en faveur de la formation des volontaires et de l’acquisition de matériel militaire.
Concernant l’EURO, le Premier ministre a insisté sur la nécessité d’expliquer au public que la monnaie unique, en dépit de sa relative faiblesse envers le dollar US, est un succès, surtout au niveau de la stabilité des prix, aurait été autrement plus menacée par l’actuelle force du dollar, si les onze pays de l’Euroland avaient dû faire face individuellement à cette situation. M. Juncker a également rappelé qu’en 1985, le Deutsche Mark s’échangeait à 3,40 pour un dollar et que si on observait l’évolution du DM sur dix ans et la convertissait en relation entre l’EURO et le dollar, la fluctuation aurait été de 0,60 et 1,40 par rapport à la devise américaine. C’est dire que l’EURO est aujourd’hui aussi fort que le DM le fut les dix dernières années. Le chef du gouvernement luxembourgeois s’est d’ailleurs dit optimiste quant à une appréciation rapide de l’EURO, ceci notamment en raison des très bonnes perspectives conjoncturelles de la zone EURO et des données économiques fondamentales saines ainsi qu’en raison des difficultés américaines concernant le déficit de la balance commerciale américaine, l’endettement des ménages et de l’administration aux USA ainsi que la dépendance trop importante de l’économie et du budget américains de l’évolution des cours de la bourse.
Concernant les débats autour de l’harmonisation fiscale en Europe, M. Juncker a déclaré que le Luxembourg s’opposerait à un changement de la base de négociations, telle qu’elle fut arrêtée le 1er décembre 1997 par le Conseil Écofin en matière de l’harmonisation de la fiscalité de l’épargne, y inclus le modèle de coexistence, du code de bonne conduite dans le domaine de la fiscalité des entreprises et des pourparlers avec les autorités de pays tiers et des territoires associés. Les récentes propositions britanniques concernant la généralisation du seul échange d’informations en matière de la fiscalité de l’épargne sont dès lors inacceptables. Le Luxembourg estime qu’il y a de bonnes raisons de maintenir le secret bancaire aussi longtemps que les principaux concurrents de la place financière luxembourgeoise en font autant.
Toutefois, M. Juncker estime que le secret bancaire ne saura exister afin de faciliter des agissements criminels de tout genre. Le Luxembourg devra, sur ce point, être irréprochable. C’est pour cette raison que le Premier ministre a annoncé toute une série de mesures devant permettre d’améliorer l’efficacité de la lutte contre la fraude et la criminalité. Après les lois votées en 1998 et 1999 concernant la législation anti- blanchiment et son élargissement vers d’autres domaines, tels la criminalité organisée, le trafic illicite des armes, la corruption et le proxénétisme ainsi que la domiciliation de sociétés afin de prévenir des activités illégales et frauduleuses dans le contexte des activités financières, le gouvernement a, récemment, adopté un projet de loi approuvant la convention du Conseil de l’Europe de 1990 sur le blanchiment, le dépistage et la confiscation de produits d’origine criminelle. S’y ajouteront d’autres initiatives législatives : une loi interdisant aux banques de financer des ventes d’armes, une loi sur l’entraide pénale internationale permettant une évacuation plus rapide de commissions rogatoires internationales et la ratification du protocole additionnel sur l’escroquerie fiscale à la convention du Conseil de l’Europe concernant l’entraide judiciaire pénale. Il est enfin prévu d’accroître les effectifs de la police grand-ducale ainsi que des tribunaux afin de lutter contre la criminalité économique et financière.
En ce qui concerne les données économiques du Luxembourg en 1999, le Premier ministre a rappelé que le Luxembourg se situait toujours en tête des 15 Etats membres de l’Union européenne avec une croissance du PIB de plus de 5%. De 1985 à 1999, la croissance moyenne du PIB a été de 5,5%. Cette évolution a permis au gouvernement d’augmenter le financement de la protection sociale à 50% des recettes courantes et simultanément de réduire la part des cotisations sociales et fiscales à 45%. L’emploi national a augmenté de 5,4% en 1999, soit plus de 11.000 emplois, ce qui est trois fois plus que la moyenne européenne ou encore la croissance de l’emploi aux Etats-Unis. Le taux d’emploi national a augmenté de 60,1% en 1998 à 61,6% en 1999. 65% des nouveaux emplois crées au Luxembourg en 1999 ont été occupés par des frontaliers allemands, belges et français dont le nombre dépasse aujourd’hui 81.000 unités. De 1990 à 1997 80% des nouveaux emplois furent occupés par des frontaliers. Le gouvernement prévoit un taux d’inflation de 2,4% en 2000, une hausse surtout due à la hausse des prix du pétrole. Une nouvelle adaptation de l’échelle mobile des salaires devrait ainsi avoir lieu en septembre/octobre 2000.
Communiqué par Service Information et Presse du gouvernement (Publié le 10 mai 2000)