“Ce qui nous fait défaut, c’est une ambition à la hauteur de nos instruments”

Le Premier ministre et président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a participé le 15 mai 2008 au Brussels Economic Forum 2008 organisé par la Commission européenne. Jean-Claude Juncker a prononcé un discours dans le cadre de la première session du forum, intitulée “Growth and Employment in Europe – Assessing ten years of Economic and Monetary Union”.

Le Premier ministre a d’abord rappelé que nombreux étaient les détracteurs au début de l’Union économique et monétaire qui estimaient à l’époque que ce projet était voué à l’échec. Pour continuer, "je profite du dixième anniversaire de cet événement […] pour rendre hommage à la vision, à la détermination et à l’engagement européen des pionniers et architectes de l’Union économique et monétaire".

Se félicitant que la monnaie unique soit citée dans le traité de Lisbonne non seulement comme symbole mais aussi comme objectif de l’Union européenne, Jean-Claude Juncker a déclaré que l’euro "est un succès incontestable – tant du point de vue économique que du point de vue politique".

Jean-Claude Juncker s’est dit "convaincu qu’à l’intérieur du cadre institutionnel existant, nous disposons sans réserves des instruments de nos ambitions. Mais ce qui nous fait défaut, c’est une ambition à la hauteur de nos instruments".

Si le président de l’Eurogroupe a jugé que le cadre institutionnel actuel de l’Union économique et monétaire offrait les instruments pour valoriser toutes ses potentialités et pour distribuer ses bénéfices de façon égalitaire, il a rappelé le besoin d’une coordination renforcée des politiques économiques des États membres de la zone euro. Or, le problème de la coordination de ces politiques est compliqué davantage par le fait que la capacité – et partant la volonté – de coopérer n’est pas indépendante des circonstances économiques. C’est dans ce contexte que Jean-Claude Juncker a souligné l’importance de l’Eurogroupe en tant qu’instance informelle qui exerce "des pouvoirs de "soft governance", c’est-à-dire d’une gouvernance basée sur l’argumentation, la persuasion et le support ou la pression des pairs".

Selon le Premier ministre, les progrès en matière de coordination des politiques économiques "ne sont pas empêtrés par un dialogue insuffisant ou inefficace entre l’Eurogroupe et la Banque centrale européenne". Par contre, le président de l’Eurogroupe a observé "qu’un certain déficit persiste en matière d’appropriation de l’ensemble des conséquences économiques et politiques de living in Euroland".

En matière de représentation extérieure, Jean-Claude Juncker a appelé à ce que la zone euro dispose, à terme, d’un siège unique au sein du Fonds monétaire international.

Pour conclure, le président de l’Eurogroupe a signalé que le succès de la monnaie unique démontrait que l’Union européenne était capable des grandes réalisations. Pour ces grandes réussites, il fallait, selon Jean-Claude Juncker, "du courage, une bonne méthode, un plan, de la patience et de la détermination".

L’intervention du président de l’Eurogroupe était suivie par une séance de questions-réponses à laquelle ont également participé Theo Waigel, ancien ministre des Finances allemand, Wouter Bos, ministre des Finances néerlandais, Pedro Solbes, ministre des Finances espagnol, et Tommaso Padioa Schioppa, ancien ministre des Finances italien. 

Source: Service Information et Presse du gouvernement luxembourgeois, 15 mai 2008